Et pourquoi pas la N-acétylcystéine en psychiatrie ?

Même si les causes précises des « trois principales affections psychiatriques » (le trouble dépressif majeur, la maladie bipolaire et la schizophrénie) demeurent encore énigmatiques, on estime que le stress oxydatif représente vraisemblablement l’une de leurs composantes étiologiques. À ce titre, il est donc logique de s’intéresser à l’éventuelle action thérapeutique de molécules reconnues pour leur activité anti-oxydante qui pourrait représenter une voie de recherche prometteuse pour de nouveaux médicaments. Certains antidépresseurs et certains neuroleptiques ont d’ailleurs, rappellent les auteurs, des « propriétés anti-oxydantes intrinsèques. » Et le glutathion[1] est un exemple d’« anti-oxydant endogène », présent physiologiquement dans le cerveau. Or comme la N-acétylcystéine constitue un précurseur du glutathion, avec des « propriétés anti-oxydantes, anti-inflammatoires et neuroprotectrices », et susceptible de « réguler les voies dopaminergiques et glutamatergiques », des chercheurs de Chine (en collaboration avec des collègues d’Australie) ont réalisé une revue systématique et une méta-analyse d’essais thérapeutiques contrôlés, afin d’évaluer l’éventuelle action adjuvante de la N-acétylcystéine contre ces trois principales maladies psychiatriques.

Malgré une importante limitation, inhérente au faible nombre d’essais contrôlés disponibles (six essais concernant au total 701 patients : trois essais pour le traitement de la schizophrénie, deux pour celui de la maladie bipolaire, et un seul dans le trouble dépressif majeur), cette méta-analyse montre que la N-acétylcystéine constitue un traitement adjuvant dont l’efficacité est confirmée « de façon significative dans la schizophrénie, mais non dans la maladie bipolaire ni dans le trouble dépressif majeur » où son effet se révèle « seulement très modeste. » Les auteurs estiment toutefois que des études plus approfondies sont nécessaires pour préciser la place de la N-acétylcystéine comme traitement adjuvant en psychiatrie.


Dr Alain Cohen

Référence
Zheng W et coll.: N-acetylcysteine for major mental disorders: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. Acta Psychiatrica Scandinavica, 2018: 137: 391–400.

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Vos réactions (1)

  • N-acetylcysteine dans la trichotillomanie aussi !

    Le 21 janvier 2019

    Article intéressant.
    Je tiens a souligner aussi une étude pilote qui a montré l'efficacité de la NAC dans la trichotillomanie, autre pathologie "psy" (TOC d'arrachage des cheveux).

    Prometteur surtout au vue des faibles effets indésirables.

    Grant JE, Odlaug BL, Kim SW, Archives of general psychiatry, 2009

    Alexandre Guichard (pharmacien)

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