Et si l’on proposait l'auto-prélèvement vaginal pour améliorer le dépistage du cancer du col ?

En France, le dépistage organisé du cancer du col repose sur les professionnels de santé qui assurent le suivi gynécologique. Si les femmes ne réalisent pas spontanément ce dépistage dans les délais recommandés, elles sont invitées à consulter par le Centre régional de coordination des dépistages des cancers, et une relance leur est adressée 12 mois plus tard.

Leur proposer de faire un auto-prélèvement pourrait améliorer l'efficacité du dépistage, c'est ce que tente de démontrer une récente publication finlandaise.

En Finlande, où les modalités du dépistage sont comparables aux nôtres, l'envoi d'un kit d'auto-prélèvement a été proposé aux habitantes d'Helsinki, âgées de 25 à 65 ans, qui n'avaient pas participé au dépistage auquel elles avaient été invitées l'année précédente.

Sur un échantillon de 5 350 femmes invitées à faire un auto-prélèvement, 1 282 (24 %) ont souhaité recevoir le kit d'auto-prélèvement, et 770 (14,4 %) ont renvoyé leur prélèvement dans les deux mois suivants. Les prélèvements vaginaux ont été faits avec le kit Aptima Multitest et analysés avec l'Aptima HPV-ARNm.

S'ils étaient positifs à HPV, un génotypage partiel était effectué pour l' HPV 16,  les HPVs 18 ou 45 et un ensemble de 11 autres HPVs haut-risque, puis complété par un génotypage complet.

Les femmes porteuses d'un HPV-HR qui avaient une cytologie ≥ LSIL ou AGC (low-grade squamous intraepithelial lesions ou Atypical Glandular Cells)étaient invitées à faire une colposcopie.

Des taux de dépistage plus élevés grâce à l'auto-prélèvement vaginal

Cent cinquante-huit sur 770 (20,5 %) des auto-prélèvements vaginaux étaient positifs à un ou plusieurs HPV-HR, dont 23 (16,3 %) à HPV 16, et 7 (5 %) aux HPVs 18 ou 45. Le génotypage complet révélait des co-infections par de nombreux HPV de haut ou bas risque.

Sept cas de lésions de haut grade (HSIL) ont été diagnostiqués, ce qui représente, dans cet échantillon, 4,4 % des femmes porteuses d'un HPV-HR, et 0,9 % des femmes dépistées par l'auto-prélèvement.

Ce taux de dépistage de lésions à haut risque par l'auto-prélèvement de 0,9 % est nettement supérieur à celui du dépistage classique qui n'est que de 0,5 %. Ces résultats viennent confirmer que l'auto-prélèvement vaginal, en complément du dépistage classique, est une opportunité pour les femmes qui ne participent pas à celui-ci. Il est d'autant plus efficace -et nécessaire !- qu'il s'adresse à une catégorie de femmes peu surveillées.

Dr Catherine Vicariot

Référence
Auvinen E et coll. : Human papillomavirus self-sampling with mRNA testing benefits routine screening. Int J Cancer , 2022 ; publication avancée en ligne le 18 juin. DOI: 10.1002/ijc.34170

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Vos réactions (1)

  • Rendez à Cesar

    Le 28 juillet 2022

    Je croyais que les auto test vaginaux avaient été mis au point à l’IHU à Marseille ?

    Dr Paul André

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