
Paris, le lundi 30 mars 2020 – Très critiqué sur la pénurie de
masques pour protéger les soignants et l’ensemble de la population
contre l’épidémie de coronavirus, le gouvernement multiplie les
importations de matériel de protection.
Ce dimanche soir, un avion en provenance de Shanghai a atterri
à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. En ses soutes, 5 millions et
demi de masques destinés au personnel soignant français. Le premier
avion d’un « pont aérien » de 15 jours, selon la
terminologie gouvernementale, qui doit permettre d’acheminer 600
millions de masques, dont 74 millions de FFP2, mais aussi des
respirateurs, depuis la Chine.
110 millions de masques par jour en Chine
Cette importation massive de masques est la seule solution
actuelle pour faire face à la pénurie de matériel de protection que
connait la France. Les hôpitaux français consommeraient en effet 40
millions de masques par semaine alors que nos usines n’en
produisent dans le même temps que 8 millions. Les usines chinoises
tournent à plein régime, produisant officiellement jusqu’à 110
millions de masques par jour, plusieurs industriels de l’automobile
ou de l’électronique s’étant réorientés dans la fabrication de
matériels médicaux.
Les autorités chinoises, qui affirment avoir vaincu l’épidémie
dans leur pays, ne se privent pas pour utiliser ces livraisons à
des fins de propagande. Ils oublient bien vite qu’ils avaient
demandé aux Européens de se faire discret lorsqu’ils leur avaient
commandé 56 tonnes de matériel médical en janvier dernier, au plus
fort de l’épidémie à Wuhan. A long terme, la question plus globale
de la dépendance économique de l’Europe vis-à-vis de la Chine devra
être posée.
Risque de malfaçons
Depuis plusieurs jours, les services des ministères de la
santé et des finances multiplient les contrats auprès de fabricants
chinois mais aussi de prestataires privés français qui seront
chargés de distribuer les masques dans les établissements
hospitaliers. Olivier Véran a parlé d’une véritable « course au
masque », tous les pays du monde faisant désormais appel à la
Chine pour se fournir en matériel de protection.
Dans ces conditions, le ministre a averti qu’il pouvait y
avoir un certain temps d’attente entre la commande et la livraison.
Des malfaçons sont également malheureusement envisageables.
L’Espagne a ainsi dû annuler une commande de 640 000 tests de
diagnostic chinois qui se sont rapidement révélés défectueux.
Les entreprises privées à la rescousse
En attendant que ces commandes se concrétisent sur le terrain,
le gouvernement fait avec les moyens du bord. Depuis le 13 mars,
tous les masques FFP2 détenus par des entreprises publics ou privés
sont réquisitionnés. Les masques produits ou importés sont
également saisis. Plusieurs entreprises françaises sont venues en
aide au gouvernement, en réorientant leur usine vers la production
de matériels sanitaires ou en prenant des commandes pour le compte
de l’État. Sur les 5,5 millions de masques arrivés ce dimanche, 2,5
millions avaient ainsi été payées par LVMH.
QH