Etats-Unis : la bataille de l’avortement n’est pas achevée

Kansas City, le lundi 1er août 2022 – Un mois après la décision historique de la Cour Suprême, pro et anti avortement continuent de s’affronter dans des référendums et des batailles judiciaires.

Dans les années 1850, l’Etat du Kansas avait été l’objet de violents affrontements entre pro et anti esclavage, des évènements connus sous le nom de « Bleeding Kansas » (Kansas sanglant). 170 ans plus tard, le Kansas est de nouveau le cœur d’un affrontement entre deux groupes d’Américains que tout oppose, les « pro-vie » et les « pro-choix ».

En effet, les habitants de cet Etat du Midwest sont appelés aux urnes ce mardi pour se prononcer sur le droit à l’avortement. Il s’agit du premier référendum organisé aux Etats-Unis sur la question depuis l’arrêt Dobbs de la Cour Suprême du 24 juin dernier.

Par cette décision historique, la juridiction suprême est revenue sur sa fameuse jurisprudence Roe v. Wade (qui avait fait de l’avortement un droit constitutionnel) et a redonné aux Etats le pouvoir de légiférer sur la question.

Les habitants du Kansas indécis sur l’avortement

Si les référendums n’attirent d’habitude pas les foules au Kansas, on s’attend ce mardi à une participation record et de nombreux foyers affichent leurs position pro-vie ou pro-choix en plantant des pancartes sur leurs pelouses.

Dans le détail, les habitants du Kansas doivent voter pour insérer dans la Constitution de leur Etat un amendement prévoyant que l’avortement n’est pas un droit constitutionnel, renversant ainsi une jurisprudence de la Cour Suprême du Kansas datant de 2019. Les partisans de cet amendement constitutionnel ne cachent pas qu’il ne s’agit que d’une première étape avant d’interdire totalement l’avortement dans l’Etat.

Depuis que la décision de la Cour Suprême du 24 juin dernier, les cliniques d’avortement du Kansas voient arriver par centaines des femmes enceintes venant des Etats voisins du Missouri, d’Arkansas ou d’Oklahoma, où l’avortement a effectivement été interdit. La question est particulièrement sensible au Kansas, où un médecin pratiquant des avortements avait été assassiné par un extrémiste pro-vie en 2009.

Les sondages sont pour l’instant indécis, avec 47 % des habitants supportant l’amendement constitutionnel, 43 % le rejetant et 10 % d’indécis.

20 millions d’Américaines privées du droit à l’avortement

Le Kansas n’est pas le seul Etat où les habitants sont appelés aux urnes pour trancher la question de l’avortement. Le 8 novembre prochain, en même temps que les élections législatives fédérales, la Californie et le Vermont organiseront des référendums pour inscrire le droit à l’avortement dans leur Constitution et ainsi rendre plus difficile tout retour en arrière.

A l’inverse, au Kentucky, les habitants seront invités à voter en faveur d’un amendement qui établira de façon explicite que la Constitution de l’Etat ne protège pas le droit à l’avortement.

Depuis la décision de la Cour Suprême, 12 Etats ont totalement supprimé ou fortement limité le droit à l’avortement, retirant ce droit à environ 20 millions de femmes américaines. 43 cliniques pratiquant l’avortement ont dû fermer leurs portes ou changer d’activité, dont 23 au Texas, plus grand Etat à avoir totalement interdit l’avortement.

Mais dans plusieurs autres Etats, dont le Kentucky, les lois anti-avortement ont été suspendues par des juges locaux, au motif qu’elles violeraient la Constitution de l’Etat. Malgré l’arrêt de la Cour Suprême, la bataille judiciaire est donc loin d’être terminée.

Nicolas Barbet

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