
Paris, le mercredi 1er février 2023 – Selon notre sondage, 61 % des professionnels de santé veulent que le tarif de la consultation en secteur 1 soit réhaussé à 50 euros.
Créé en septembre dernier sur Facebook, le collectif Médecins pour demain a bousculé les syndicats de médecins libéraux, obligés de se positionner pour ou contre lui. Le mouvement informel a réussi à être à l’origine de deux grèves inédites des médecins de ville, l’une les 1er et 2 décembre, une autre entre le 26 décembre et le 6 janvier. Si leurs revendications sont multiples, l’un d’entre elles a concentré l’attention des médias et suscité son lot d’interrogations : amener le tarif de la consultation à 50 euros, contre 25 actuellement.
Selon le collectif de médecins et les syndicats qui soutiennent la proposition (UFML, FMF, SML), le doublement du tarif de la consultation permettrait de créer un véritable choc d’attractivité et d’inverser une tendance inquiétante, celle d’une baisse du nombre de médecins de ville et des nouvelles installations. Cette hausse du C permettrait également aux praticiens d’embaucher des assistants médicaux et de dégager du temps médical, améliorant ainsi l’offre de soins. Enfin, d’un point de vue peut être plus idéologique, cette hausse du tarif serait un juste retour des choses face à l’engagement des médecins libéraux, qui travaillent pour la plupart plus de 50 heures par semaine et constituent une pierre angulaire du système de santé.
70 % des médecins favorables au doublement du tarif de la consultation…
Des arguments qui ne convainquent pas tout le monde, à commencer par le gouvernement et la CNAM qui estiment que le doublement du tarif de la consultation est une demande « extravagante » (pour reprendre les termes du directeur général de la CNAM Thomas Fatôme) notamment d’un point de vue budgétaire. La proposition divise même parmi les médecins, le syndicat MG France estimant que fixer le C à 50 euros n’a « pas beaucoup de sens » tandis que le collectif de jeunes généralistes ReAGJIR estime qu’il est indécent de faire une telle proposition alors que « nombre de Français connaissent déjà de grandes difficultés financières d’accès aux soins ».
Sondage réalisé sur JIM.fr du 9 janvier au 1er février
Dans ce débat qui mêle des interrogations budgétaires, pratiques mais également idéologiques, nos lecteurs ont fait leur choix. Selon notre sondage réalisé en ligne sur notre site entre le 9 et le 30 janvier auprès de 1045 lecteurs, 61 % des professionnels de santé sont favorables à ce que le tarif de la consultation soit doublée et porté à 50 euros, contre seulement 39 % qui voient d’un mauvais œil une telle augmentation. Nos votants ont-ils été convaincus par l’argument du choc d’attractivité, par la possibilité d’embaucher des assistants médicaux ou tout simplement, pour ceux de nos lecteurs qui exercent en ville, par leur intérêt personnel ? Sans doute un peu de tout cela.
Sans surprise, au sein des différentes professions de santé, les médecins sont ceux qui sont le plus enthousiastes à l’idée de voir la rémunération des médecins de ville augmenter. Ils sont ainsi 70 % à vouloir que le tarif de la consultation passe à 50 euros*, contre 30 % qui estiment que cette augmentation est excessive.
…mais 73 % des infirmiers y sont opposés
En revanche, infirmiers et pharmaciens sont franchement hostiles à l’idée que le tarif de la consultation médicale puisse doubler. Chez les pharmaciens, ils sont 67 % à avoir voté non à notre sondage sur le doublement du tarif de la consultation et chez les infirmiers, l’opposition monte à 73 %. Là encore, difficile de faire la part des choses : sans doute les infirmiers sont plus sensibles aux difficultés d’accès aux soins que pourrait entrainer une telle mesure pour certains des plus précaires, mais peut être aussi apprécient-ils peu que les mêmes médecins qui réclament que leur rémunération soit augmentée s’opposent farouchement à la proposition de loi Rist qui ouvrirait de nouvelles prérogatives aux infirmiers en pratique avancée (IPA). Il y a donc peut-être des relents de « lutte des classes » dans les résultats de ce sondage.
Quelle que soit l’ampleur du soutien des médecins à cette proposition, il ne devrait rien changer à l’affaire. Sans totalement fermer la porte à ce que des revalorisations soient consenties dans le cadre des négociations conventionnelles, Thomas Fatôme a une nouvelle fois dénoncé ce dimanche les « revendications tarifaires extravagantes voire indécentes » de certains médecins.
La consultation à 50 euros ne devrait donc rester qu’une uchronie pour la majorité des lecteurs du JIM.
*Rappelons toutefois que pour Médecins pour demain cette augmentation serait partiellement compensée par la suppression de rémunérations au forfait.
Quentin Haroche