
Paris, le vendredi 3 avril 2020 - La communauté médicale
s’alarme d’une autre crise sanitaire qui pourrait venir s’ajouter à
celle du Covid-19.
Lançant l’alerte, le professeur Pierre Amarenco (Neurologie,
Hôpital Bichat, Paris) explique ainsi que selon ses informations,
le SAMU de Paris observe une baisse de 50 à 60 % des AVC. « Ce
qui signifie que les patients restent chez eux. Et l'on observe
cette situation en Île-de-France, mais aussi en province ».
Concernant les admissions pour AVC, AIT et infarctus du myocarde,
il estime qu’elles ont diminué de 50 à 70 % en Ile de France et de
40 % sur le reste du territoire national.
Une information que confirment les neurologues hospitaliers
correspondants du JIM qui sans être en mesure de donner des
chiffres précis parlent d’une « nette baisse » des
admissions pour AVC et AIT et d’une hausse des cas de patients
hospitalisés 48 à 72 h après l’évènement.
Pour le professeur Pierre Amarenco, cette baisse spectaculaire
s’explique certainement par la crainte des patients d’une
contamination par SARS-CoV-2 et d’un désir de limiter l’engorgement
des services hospitaliers.
« On ne peut pas expliquer une réduction de 40 à 50 % des
AVC par la chute de la pollution ou une diminution du stress,
notamment à Paris. Une autre explication était que les Parisiens
étaient partis à la campagne, mais ce ne sont que les gens riches
qui peuvent faire ça. Les gens pauvres sont restés à Paris et
n’appellent pas pour autant quand ils ont un AVC »
analyse-t-il.
Les Covid négatifs sous le radar
Aussi, le Pr Amarenco a-t-il choisi de s’adresser directement
aux patients lors de ces multiples interventions au cours des 24
dernières heures : « Ce qu'ils doivent comprendre, c'est que les
hôpitaux sont organisés pour avoir une filière Covid négative,
c'est-à-dire que s'ils viennent pour un AVC à l'hôpital, nous
ferons tout pour qu'ils ne croisent pas un patient qui est infecté
par le Covid. Ils seront mis dans des unités spéciales, unités où
il n'y a pas de patient Covid positif. C'est très important pour
les patients qu'ils sachent qu'ils ne seront pas en contact avec
des patients Covid et qu'ils doivent tout de même appeler le 15
» exhorte Pierre Amarenco.
« Les autres pathologies que le Covid restent sous le
radar », confirme de son côté auprès de l'AFP le professeur
Elie Azoulay du service de réanimation de l'hôpital Saint-Louis à
Paris. « On a gardé des lits pour eux, mais on ne les voit
pas » s’étonne-t-il.
« On risque de constater une surmortalité à domicile à la
fin du confinement et davantage de séquelles d’AVC. C’est un effet
néfaste de l’épidémie de coronavirus » tranche le professeur
Pierre Amarenco.
Gabriel Poteau