
Paris, le jeudi 11 août 2022 – En visite au CHU de Nantes, le 3 août dernier, pressé de questions par les journalistes suivant son déplacement, François Braun avait martelé : « il n’y a pas de fermetures d’urgences. Je crois qu’il faut arrêter avec ce terme, qui est tout le temps utilisé, qui fait peur. Il n’y a pas de fermeture, il y a un accès régulé […] vers les services d’urgence, dans les endroits où il n’y a plus les moyens pour faire tourner [les services] sans cette régulation ».
Or, le même jour, une enquête de SUdF*, syndicat qu’il dirigeait avant de devenir le locataire de l’avenue de Ségur, rapportait que « 42 établissements ont été contraints de réaliser une fermeture totale de nuit de leur SU pour un nombre cumulé de 546 nuits en juillet. De jour ce sont 23 établissements qui ont réalisé une fermeture totale pour un nombre cumulé de 208 jours ».
Ces chiffres inquiétants n’étaient d’ailleurs pas exhaustifs, puisque seule la moitié des services avait participé à ce sondage.
Un phénomène qui découlait, selon SUdF, des conclusions de la mission flash dont la 24ème recommandation était « d’autoriser la suspension d'activité partielle d'un SU dans une logique territoriale »…
Sous la pression de ses ex-confrères…
Depuis ces déclarations nantaises, François Braun était sous la pression de ses ex-confrères urgentistes.
Christophe Prudhomme (AMUF**) pointait ainsi sur Twitter un « ministre de la Santé pris en flagrant délit de mensonge ». Dans les colonnes de Libération, il poursuivait : « il ment face à des éléments qui sont fournis par l’organisation qu’il présidait il y a encore quelques semaines ».
Marc Noizet, son successeur à la tête de SUdF, évoquait lui des « contradictions évidente ». Sans surprise, plus mesuré que Christophe Prudhomme, il expliquait ces « contradictions » par une « question de sémantique », le terme « fermeture » étant habituellement utilisé dans les cas d’arrêt d’activité définitif.
… Le ministre admet 8 services fermés
Quoi qu’il en soit, hier, sur RTL, le ministre a dû donc finalement admettre : « en termes de fermeture, c’est-à-dire un service d'urgences qui n'accueillerait plus personne, il y en avait quatre avant le mois de juillet, il y en a huit aujourd'hui ».
François Braun a toutefois relativisé, parmi les huit établissements concernés « il y a quatre cliniques avec des services d'urgence publiques à proximité ». Il a en outre affirmé que toutes les parcelles du territoire français continuaient à disposer de services d'«urgence vitale » via des équipes mobiles du Samu.
On pourra s’interroger sur le décalage entre les données du ministre et celles de son ancien syndicat…
Pour l’avenir, SUdF demeure très inquiet et, début août, il écrivait : « les services d'urgence sont en très grande fragilité (…) La situation attendue au mois d'août va encore se dégrader, avec une augmentation des fermetures institutionnelles de lits et une diminution de la disponibilité de l’offre soignante libérale liée aux congés ».
De quoi donner des sueurs froides à l’urgentiste-ministre.
*SUdF : SAMU Urgences de France
**AMUF : Association des médecins urgentistes de France
F.H.