Paris, le vendredi 26 août 2022 – Le ministre de la Santé multiplie les concertations avec les représentants des professionnels de santé en vue de la grande conférence prévue en septembre prochain.
C’est ce qui s’appelle avoir un agenda de ministre. Entre la gestion des épidémies de Covid-19 et de variole du singe, le Dr François Braun multiplie les rencontres et réunions avec les représentants des diverses professions de santé depuis son arrivée avenue de Ségur le 4 juillet dernier.
L’objectif de ces rencontres est de préparer la fameuse « conférence des parties prenantes », promise par le Président de la République lors de la dernière campagne présidentielle et qui s’ouvrira le 8 septembre prochain. Lors de cette conférence, professionnels de santé et responsables politiques tenteront de trouver les solutions pour sortir notre système de santé de la crise dans laquelle il semble s’enfoncer.
L’idylle entre le Dr Braun et les libéraux continue
Ce lundi, le ministre a reçu la Fédération nationale des étudiants en sciences infirmières (FNESI). Du fait de conditions de travail difficiles et d’une rémunération trop faible, la profession infirmière est fortement touchée par la pénurie de soignants : 5 à 10 % des postes dans les hôpitaux français sont vacants.
Le ministre a discuté avec le syndicat de la manière d’augmenter fortement le nombre de nouveaux infirmiers formés, jusqu’à 6 000 places supplémentaires dès 2023. Un chiffre impossible à atteindre en l’état selon la FNESI au vu des capacités d’accueil des 161 instituts de formation en soins infirmiers (IFSI).
Le syndicat a en réponse insisté sur la nécessité « de réactualiser la formation » et « d’investir dans une politique d’encadrement des étudiants et d’évaluation des lieux de stage » afin d’éviter les défections encore trop nombreuses (13 % des étudiants en première année abandonnent au bout de deux mois de formation).
Ce jeudi, c’était au tour de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) et d’Action praticiens Hôpital (APH) d’être reçus avenue de Ségur. L’occasion pour le ministre de se jeter quelques fleurs, constatant que les mesures de régulation médicale qu’il a promues avaient permis de juguler la crise des urgences cet été et estimant « que les choses auraient pu être bien pire ».
L’occasion également de continuer son idylle avec les médecins libéraux, avec lesquels les relations sont au beau fixe. Le ministre a ainsi promis à la CSMF d’organiser des discussions sur les soins non-programmés et l’emploi d’assistants médicaux et a rappelé son attachement à la liberté d’installation.
A la sortie du rendez-vous, le Dr Franck Devulder, président de la CSMF a salué un ministre « bienveillant mais déterminé à agir » et prêt à « donner des moyens pour la ville pour s’organiser afin de prendre en charge des patients supplémentaires ».
Des syndicats séduits mais vigilants
Les relations entre l’ancien urgentiste et les syndicats hospitaliers sont, on le sait, un peu plus fraiches. Si APH a salué la revalorisation du travail de nuit et de certaines gardes, le syndicat se dit « insatisfait que cette majoration ne concerne pas les astreintes » et rappelle que la situation aux urgences reste « très fragile ».
L’intersyndicale demande notamment au ministre d’entamer une réforme de la gouvernance hospitalière et de revenir sur la récente réforme du statut de PH qui a notamment pénalisé les praticiens en milieu de carrière.
Si les relations entre le ministre, que tout le monde s’accorde pour dire à l’écoute et les syndicats sont donc plutôt bonnes (meilleures en tout cas qu’avec certains de ses prédécesseurs), tout le monde reste sur ses gardes à l’approche de la grande conférence de septembre.
Pour les médecins libéraux, l’objectif sera d’empêcher le retour de l’obligation de garde et toute atteinte à la liberté d’installation. Les syndicats hospitaliers tenteront eux d’obtenir de nouvelles revalorisations et certaines réformes structurelles sur leurs conditions de travail.
« Nous avons senti un ministre à l’écoute, il y a un
changement de méthode, mais nous restons vigilants » résume le
Dr Jean-François Cibien, président d’APH.
Quentin Haroche