Paris, le mercredi 11 septembre 2019 – Depuis plusieurs années, pas
une semaine ne se passe sans que des groupes d’agriculteurs ou des
habitants de zones rurales ne brandissent les résultats des examens
urinaires mettant en évidence la présence de glyphosate (le produit
à la base de l’herbicide Roundup). Forts de ces données qu’ils
considèrent comme alarmantes, ces agriculteurs et ces citoyens
portent plainte contre X pour mise en danger de la vie d’autrui,
guidés dans leur démarche par l’association « Les Pisseurs
volontaires » qui clame régulièrement que 100 % des tests
réalisés obtiennent des résultats positifs.
Miracle dans le Morbihan
Outre que la révélation d’une substance toxique dans les
urines n’équivaut pas à une démonstration d’un risque pour la santé
du sujet (puisque la teneur retrouvée et le niveau d’exposition
doivent également être pris en compte), de nombreux observateurs
s’interrogent depuis longtemps sur la fiabilité du test utilisé. Il
s’agit d’un test ELISA (Enzyme-Linked Immunosorbent Assay)
commercialisé par le laboratoire allemand Biocheck. La singulière
expérience récente d’agriculteurs du Morbihan devrait contribuer à
relancer ces interrogations et controverses. Une vingtaine
d’exploitants ont en effet soumis leurs urines à un test
chromatographique réalisé par l’hôpital de Vannes. Résultats sans
appel : aucun échantillon ne présentait de traces de glyphosate
!
Faux positifs
La différence flagrante entre les données obtenues (même si
d’autres comparatifs seraient nécessaires pour envisager des
conclusions plus solides) conduit à rappeler les spécificités des
tests utilisés et les limites de la méthode ELISA pour ce type de
recherche. « Le test BioCheck repose sur l’utilisation
d’anticorps produits pour se fixer sur le glyphosate. Le test, dans
son ensemble, est donc capable de détecter et doser cette molécule.
En revanche, (…) tous les spécialistes savent qu’il existe un
risque non-négligeable qu’un anticorps se fixe également sur
d’autres molécules. (…) Un premier suspect susceptible d’entrainer
des faux positifs était l’AMPA, un métabolite du glyphosate et
aussi de détergents courants. Le fait que cela ne semble pas le cas
a amené certains à conclure, un peu hâtivement, que le test détecte
bien le glyphosate dans les urines. C’est ignorer qu’il peut y
avoir d’autres sources de faux positifs sans lien avec le
glyphosate. Notamment dans un liquide complexe comme l’urine. Il
faut savoir que le test en question a été mis au point pour
détecter le glyphosate dans l’eau, notamment pour les captages
d’eau potable, ce qu’il fait bien, à faible coût. Mais il n’a pas
été validé pour l’urine ! Le test utilisé suite à la démarche de
ces agricultures du Morbihan, qui repose sur une séparation des
molécules par chromatographie, est plus fiable et … plus cher !
» détaille ainsi le biologiste Marcel Kuntz (directeur de recherche
au CNRS) interrogé par Atlantico.
Les limites du test de Biocheck avaient déjà été épinglées par
l’Institut fédéral allemand d’évaluation des risques (BfR) en
2015. Ce dernier avait notamment mis en doute la fiabilité du
dispositif dans le cadre de la détection du glyphosate dans le lait
maternel. Menant ses propres analyses en recourant à la
chromatographie liquide couplée à la spectrométrie de masse
(LC-MS/MS) ou la chromatographie gazeuse couplée à la
spectrométrie de masse (GC-MS/MS), l’Institut avait obtenu des
résultats très différents et bien moins alarmants. Dès lors
avait-il conclu que ce test n’était pas adapté au lait maternel,
tandis que d’autres instances ou encore la société américaine
Abraxis qui a mis au point le test insistent sur ses limites quand
il est employé pour analyser les urines « en raison de la grande
variabilité des composés que l’on peut trouver dans les
échantillons, il n’est pas possible d’exclure complètement des
interférences d’essai causées par les effets de matrice
».
Ces différentes réserves sont balayées par ceux qui y voient une
nouvelle manifestation de collusions d’intérêts. Elles n’avaient
d’ailleurs pas empêché l’équipe d’Envoyé Spécial d’Elise Lucet de
recourir lui aussi à ce test !
On reste confondu que ces agriculteurs aient trouvé le Test auquel n'a pas pensé Monsanto pour nous "rassurer". C'est bien dommage de ne pas avoir poursuivi en faisant un ELISA sur ces belles et pures urines pour abattre ce test. La chromatographie est un bel instrument qui ne retrouve que ce qu'on lui présente. Nos pisseurs bretons ont-ils réalisés le prélèvement et le transport avec la bonne méthodologie ? La question est aussi d'importance avant de conclure en dezingant L'ELISA. Contrairement au vieil aphorisme médical qui dit que les vitamines enrichissent le pharmacien et les urines, on peut conclure que le glyphosate lui n'enrichit que Monsanto et maintenant Bayer.
Dr Jean-François Penicaud
Faux positifs ?
Le 11 septembre 2019
On ne peut plus parler de faux positifs dans ce cas...mais carrément d'un test "foireux" lorsqu'il est utilisé sur un milieu pour lequel il n'a pas été validé. De toute façon le véritable problème est celui évoqué en début d'article : quelle signification pour un test positif lorsque la concentration trouvée est nanogrammesque ? C'est un peu comme si on faisait le procès aux granules homéopathiques d'avoir gravement perturbé le système insulinique de leurs adeptes (quoi qu'à bien y réfléchir... ;-))) )
Dr EG
Cacher une ignorance crasse
Le 12 septembre 2019
Sans préjuger de résultats nombreux et probants je constate que les médias, les politiques, les pseudos scientifiques actuels se précipitent pour nourrir leurs théories. On a déjà connu des théories fumeuses sur les ogm et toutes les évolutions de la science. Tout cela ne cache t-il pas en réalité une ignorance crasse de la majorité des gens qui s’expriment ?