HTA gravidique : quel est le risque de diabète de type 2 et de morbidité cardiovasculaire à long terme chez la mère ?

Une HTA survient dans à 5 à 7 % des grossesses et encore plus souvent chez les nullipares. Des complications lui sont volontiers associées, tels un accouchement avant le terme, un retard de croissance ou encore une pré-éclampsie plus ou moins sévère. La physiopathologie de ces désordres reste mal connue, tout autant que leur retentissement sur la santé de la mère, notamment  à long terme, même si certaines études épidémiologiques ont établi un lien entre la pré-éclampsie et les évènements cardiovasculaires (ECV) tardifs, tels le décès, la survenue d’une cardiopathie ischémique ou encore l’accident vasculaire cérébral (AVC). Qu’en est-il du diabète de type 2 ou encore de la morbidité cardiovasculaire globale ?

Une étude transversale basée sur des registres nationaux détaillés, en l’occurrence ceux du Danemark, a inclus 782 287 grossesses chez des primipares et 536 419 grossesses chez des multipares. Les variables analysées ont été d’une part, l’HTA gravidique, d’autre part, la pré-éclampsie (lègère, moyenne, sévère). L’ajustement statistique a été fait selon les éléments suivants : accouchement avant le terme, prématurité, rupture placentaire et enfant mort-né. Les ECV pris en compte ont été les suivants : hypertension artérielle permanente, cardiopathie ischémique, insuffisance cardiaque congestive, accident thrombo-embolique, AVC et diabète de type 2.

Le risque relatif d’HTA ultérieure, en fait l’odds ratio (OR), a été estimé :

1) à 5,31 en cas d’hypertension gravidique ;
2) 3,61 en cas de pré-éclampsie légère ;
3) 6,07 en cas de pré-éclampsie sévère.

L’OR de diabète de type 2 a été estimé à 3,12 en cas d’HTA gravidique et à 3,68 en cas de pré-éclampsie sévère. Deux grossesses successives compliquées de pré-éclampsie ont amené l’OR d’HTA permanente à 6,00. Pour ce qui est des accidents thrombo-emboliques, l’ORA a été de :

1) 1,03 (HTA gravidique) ;
2) 1,53 (pré-éclampsie légère) ;
3) 1,91 (pré-éclampsie sévère).

Cette étude de cohorte rétrospective objective une relation étroite entre l’HTA gravidique et le risque de survenue d’un diabète de type 2 chez la mère. Il en serait de même pour l’hypertension artérielle indépendamment du risque de diabète. La sévérité de l’HTA gravidique, sa récidive lors d’une grossesse ultérieure ou encore la parité sont autant de variables prédictives du risque d’évènements cardiovasculaires à long terme chez la mère.

Dr Philippe Tellier

Référence
Lykke J et coll. : Hypertensive Pregnancy Disorders and Subsequent Cardiovascular Morbidity and Type 2 Diabetes Mellitus in the Mother. Hypertension 2009; 53: 944-51.

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