
L'hypertension intracrânienne idiopathique ou bénigne (HTICi), est définie par une hyperpression intracrânienne à l’origine de céphalées et d’un œdème papillaire pouvant mener à la cécité, touchant dans 90 % des cas une femme obèse. L’incidence et la prévalence de l’HTICi augmentent ces dernières décennies, en lien avec l’épidémie mondiale d’obésité. Au-delà d’un IMC de 30 kg/m2, l’incidence augmente de manière exponentielle.
La perte de poids est efficace dans l’HTICi, une réduction de poids entre 3 et 15 % peut mener à la rémission (normalisation de la pression intracrânienne -PIC- et disparition de l’œdème papillaire). Cependant, le maintien de cette perte de poids est un challenge, pourtant nécessaire à la prévention de la rechute.
Le by-pass Roux-en-Y permet une réduction plus importante
L'essai IIH:WT, contrôlé randomisé multicentrique, a inclus des femmes adultes atteintes d'HTICi active présentant un IMC ≥ 35 kg/m2, randomisées pour bénéficier soit d’une chirurgie bariatrique soit d’une intervention diététique (1:1). Ses premiers résultats ont été publiés en 2017, montrant que la perte de poids par chirurgie bariatrique réduisait de manière significative la PIC par rapport à une intervention communautaire de gestion du poids (1).
La présente analyse per protocole vise à évaluer la quantité de perte de poids nécessaire pour réduire la PIC et à explorer l'impact des différentes approches chirurgicales bariatriques. Un modèle de régression linéaire hiérarchique a été utilisé pour ajuster les résultats de l'essai en fonction du temps, du groupe de traitement et du poids.
Parmi les 66 femmes incluses, 23 (âge moyen = 31 ans (ET 8,7)) ont bénéficié d’une chirurgie bariatrique à 12 mois de la randomisation et 43 (âge moyen = 33,2 ans (ET 7,74)) d’une prise en charge diététique.
Le poids initial et la PIC étaient similaires dans les groupes avec un poids moyen de 119,5 (ET 24,1) et 117,9 (ET 19,5) kg, et PIC de 34,4 (ET 6,3) et 34,9 (ET 5,3) cmH2O, dans le groupe chirurgie bariatrique et le groupe diététique respectivement. La perte de poids était significativement associée à une réduction de la PIC (R2 = 0,47, p ≤ 0,0001) à 12 mois et à 24 mois (R2 = 0,45, p ≤ 0,0001) et de façon proportionnelle. Une perte de poids de 24 % (perte de poids moyenne de 13,3 kg (ET 1,76)) était associée à une rémission de la maladie (PIC ≤ 25 cmH2O). Le by-pass Roux-en-Y a permis une réduction plus importante, plus rapide et plus soutenue de la PIC par rapport aux autres méthodes.
Pas adapté à toutes les patientes
Ainsi, plus la perte de poids est importante, plus la réduction de la PIC a été documentée et une perte de poids de 24 % est associée à la rémission. Un amaigrissement de cette ampleur était peu susceptible d'être atteint sans chirurgie. Par conséquent, il pourrait être envisagée d'orienter précocement vers un programme de chirurgie bariatrique les personnes obèses souffrant d’HTICi active.
Cependant, il faut rester prudent car ce traitement n’est
certainement pas adapté à toutes les patientes. Cette étude fournit
des preuves de classe II en raison de l'utilisation d'une analyse
per protocole et souffre, également, d’un faible nombre de
participantes dans chaque groupe.
Dr Isabelle Méresse