Il peut être intéressant de doser la périostine sérique chez le nourrisson souffrant de bronchiolite sévère

Au cours des 20 dernières années, les études de Sigurs et coll. (Am J Respir Crit Care Med 2000; 161(5): 1501-7 et Thorax 2010; 65(12): 1045-52) ont montré que la sévérité initiale de la bronchiolite était un facteur de risque de développer ultérieurement un asthme, ainsi que des symptômes d'allergie IgE-dépendante, y compris plusieurs dizaines d'années après la bronchiolite.

Dans le présent article, les auteurs se sont intéressés à la périostine, une protéine qui, chez l'homme, est codée par le gène POSTN. La périostine fonctionne comme un ligand pour les intégrines alpha-V / bêta-3 et alpha-V / bêta-5 pour soutenir l'adhésion et la migration des cellules épithéliales ; c'est un facteur dépendant de la vitamine K du domaine gla (1).

Cette étude prospective de cohorte, menée dans 17 centres, a porté sur des nourrissons âgés de moins d'un an, atteints de bronchiolite sévère.

Le taux sérique de périostine a été mesuré au moment de l'hospitalisation, ce qui a permis d'individualiser 3 groupes de nourrissons : taux bas de périostine sérique, taux intermédiaires et taux élevés.

Marqueur de risque d’asthme ultérieur

À l'âge de 6 ans, 28 % des nourrissons avaient développé un asthme. Statistiquement, le risque d'asthme est apparu significativement plus élevé chez les nourrissons du groupe intermédiaire (23 % contre 32 %, Odds ratio OR 1,68, intervalle de confiance à 95 % IC à 95 % 1,12–2,51, p = 0,01) et plus élevé également mais de manière non significative dans le groupe avec les hauts niveaux de périostine (28 %, OR 1,29, IC à 95 % 0,86–1,95, p = 0,22).

Dans l'analyse stratifiée, les nourrissons ayant une sensibilisation IgE-dépendante avaient un risque significativement plus élevé de développer un asthme (groupe intermédiaire, OR 4,76, IC à 95 % 1,70–13,3, p = 0,002 ; groupe élevé, OR 3,19, IC à 95 % 1,08–9,36, p = 0,04).

En revanche, les nourrissons n'ayant pas de sensibilisation IgE-médiée n’avaient pas de risque significativement accru (p > 0,15).

Pour les auteurs, chez les nourrissons atteints de bronchiolite sévère, le taux de périostine sérique au moment de l'hospitalisation pour bronchiolite est associé à un risque d'asthme accru à l'âge de 6 ans, en particulier chez ceux qui présentent une prédisposition allergique.

En substance on sait que la périostine est un biomarqueur de l'inflammation Th2 des voies aériennes. Des brossages de l'épithélium des voies respiratoires permettent de quantifier les taux d'expression des gènes POSTN qui codent pour la pérostine.

En 2016, Watanabe et coll. (Pediar Asthma Immunol 2016; 27(5): 521-526) avaient montré que la périostine, protéine de la matrice extra-cellulaire, dont le taux était augmenté en réponse à l'IL-4 ou à l'IL-13 pouvait constituer un biomarqueur non invasif pour le diagnostic et la gestion de l'asthme de l'enfant.

Le domaine carboxylation / gamma-carboxyglutamique dépendant de la vitamine K est un domaine protéique qui contient des modifications post-traductionnelles de nombreux résidus de glutamate par carboxylation dépendante de la vitamine K pour former le γ-carboxyglutamate.

https://en.wikipedia.org/wiki/Gla_domain.

Pr Guy Dutau

Référence
Nanishi M et coll. : Serum periostin among infants with severe bronchiolitis and risk of developing asthma: A prospective multicenter cohort study. Allergy 2022; 77(7): 2121-2130.

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