Il pourrait y avoir un lien entre cardiopathies congénitales et pollution atmosphérique

La pathogénie des cardiopathies congénitales est complexe. Plusieurs facteurs peuvent intervenir, qui vont perturber le développement normal des structures cardiaques pendant la grossesse. Des anomalies chromosomiques peuvent être en cause, mais aussi un diabète, l’exposition à certaines substances toxiques, ou encore une infection. Les risques liés à l’environnement maternel, pour le cœur du fœtus, est particulièrement élevé aux stades initiaux de l’embryogenèse. Ainsi l’exposition maternelle aux particules fines de l’air ambiant (diamètre aérodynamique ≤2,5 µm [PM2,5]) pourrait jouer un rôle pathogénique.

Plus d’1,4 millions de naissances en Chine…

C’est ce que suggèrent les résultats d’une vaste étude transversale du type cas-témoins réalisée en Chine, au sein de trente provinces municipalités ou districts. Cette étude a porté sur 1 434 998 naissances enregistrées entre 2014 et 2017. Au cours de cette période, ont été identifiées 7 335 cas de cardiopathie congénitale. Les données sur la pollution atmosphérique, notamment sur les concentrations locales de PM2,5 ont été obtenues à l’aide des satellites de la NASA avec une résolution spatiale de l’ordre du kilomètre.

Les associations entre cette exposition aux particules fines et le risque de cardiopathie congénitale ont été explorées à l’aide de modèles de régression logistique multiple avec ajustements prenant en compte le plus possible de facteurs de confusion potentiels. La comparaison entre les groupes des cas et des témoins a permis de calculer les odds ratios (ORs) et leurs intervalles de confiance à 95 % (IC 95 %). Par ailleurs, une relation du type dose-effet a été étudiée au moyen de la technique d’interpolation et de lissage dite spline cubique restreinte, applicable aux relations qui ont toutes les chances de ne pas être linéaires. Des analyses de sous-groupes ou de sensibilité ont été réalisées pour identifier les facteurs susceptibles de modifier d’éventuelles associations.

Une relation non linéaire du type dose-effet

L'exposition maternelle moyenne aux PM2,5 pour l'ensemble des participants a été estimée à 56,51 μg/m3 (IC 95 %, 10,95-182,13 μg/m3). Pour chaque augmentation de 10 μg/m3, le « risque » de cardiopathie congénitale est apparu  majoré de 2 %, l’OR correspondant étant en effet estimé à 1,02 [IC à 95 %, 1,00-1,05]). Le risque de malformation impliquant le septum était plus élevé, avec un OR de 1,04 dans ce cas [IC 95 %, 1,01-1,08]).

L'effet des PM 2,5 s’est avéré plus important dans la période précédant la conception, ce qui peut de fait retentir sur l’embryogenèse. Par ailleurs, des groupes à risque ont été identifiés, notamment les mères âgées de moins de 35 ans, celles vivant dans le nord de la Chine et celles issus de milieux défavorisés (dans tous les cas p<0,05 versus des témoins comparables).

Une exposition maternelle excessive aux PM2,5, en particulier pendant la période préconceptionnelle, augmenterait le risque de certaines cardiopathies congénitale. Au-delà du caractère « spectaculaire » de l’information, il faut s’interroger sur les limites de cette étude strictement transversale, du type cas-témoins qui n’autorise que des hypothèses au demeurant audacieuses et nullement absurdes. Ces résultats doivent être répliqués avant de transformer une corrélation en lien de causalité, ce qui suppose d’autres études de préférence longitudinales et réalisées sur d’autres continents, avec une autre méthodologie.

Dr Catherine Watkins

Référence
Wang Y et coll. : Maternal Exposure to PM2.5 and the Risk of Congenital Heart Defects in 1.4 Million Births: A Nationwide Surveillance-Based Study. Circulation 2023;147:565–574. doi.org/10.11 61/CIRCULATIONAHA.122.061245Circulation.

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