Plusieurs substances ont une relation dose-effet claire sur le
risque d’infertilité chez l’homme (et un effet synergique avec la
varicocèle), que ce soit le cadmium (qui joue sur la numération des
spermatozoïdes et leur mobilité), la nicotine et la cotine (sur la
numération et la mobilité), l’arsenic (mobilité), le benzopyrène
(ADN du spermatozoïde) et les hydrocarbures polyaromatriques
(morphologie du spermatozoïde).
« En toute logique, c’est donc d’abord sur ces
éléments qu’il faut jouer, notamment par le sevrage tabagique »
a souligné Eric Huyghe (Toulouse).
La même remarque vaut pour l’obésité et le surpoids car on a pu
constater une relation dose-effet entre l’IMC de l’homme et
l’hypofertilité d’un couple. Une méta-analyse récente a par
ailleurs montré qu’en cas d’obésité le risque d’azoospermie est
multiplié par 1,8 et celui d’oligoasthénotératospermie par 1,4.
L’obésité réduit aussi le taux de naissances vivantes en cas de
procréation médicale assistée et augmente le taux de fragmentation
de l’ADN. Enfin, plusieurs chercheurs ont pu montrer que l’obésité
paternelle laisse une empreinte nutritionnelle (père gras – fille
diabétique).
Dans ce contexte, plusieurs auteurs ont évalué l’impact de
l’alimentation sur le retour à la fertilité et démontré qu’une
bonne hygiène de vie pouvait améliorer la numération, la mobilité
des spermatozoïdes ainsi que la fragmentation de l’ADN et ces
effets peuvent se traduire par une augmentation des taux de
grossesse en procréation médicale assistée. Enfin, de nombreuses
études ont démontré l’intérêt de réduire les apports en
graisses.
Anti-oxydants et cocktails
Les règles hygiéno-diététiques sont ainsi incontournables. En
revanche, la réelle utilité des antioxydants et des cocktails
vitaminiques (que beaucoup ont tendance à proposer ‘larga manu’)
reste posée. Une revue Cochrane n’a pas apporté de réponse formelle
et, pour Eric Huyghe : « il nous faudra donc attendre d’autres
études avant de conclure ». Cela dit, toutes ces études montrent
une tendance non significative à l’amélioration de la concentration
des spermatozoïdes à 3, 6 et 9 mois et un effet faible sur la
mobilité des spermatozoïdes à 3, 6 et 9 mois sans effet majeur sur
le spermogramme. En revanche, la fragmentation de l’ADN est
améliorée par la vitamine C, la vitamine E et l’acide
docosohexaénoïque, mais ces conclusions ne se basent que sur 2 à 3
études. Quant au taux de grossesses cliniques, il est amélioré de
manière non significative pour un cocktail « vitamine C, vitamine
E, zinc et sélénium », pour le magnésium, la vitamine E, la
N-acétylcystéine, l’association zinc + acide folique et l’acide
folique seul, et il est légèrement amélioré de manière
significative pour le zinc. La limite de significativité est, par
contre, atteinte pour les naissances vivantes avec la vitamine E,
le zinc ou leur association à la vitamine C et au sélénium.
Quant aux mélanges, ils sont le plus souvent composés
d’associations à des doses très variables qui ne permettent pas de
conclure. De plus, ils contiennent parfois des préparations
naturelles (voire de la phytothérapie) et des mélanges qui n’ont
pas fait l’objet d’une validation scientifique laissant ainsi le
plus souvent l’impression de ‘pas sérieux’. In fine, les
meilleurs niveaux de preuve existent pour la vitamine C, la
vitamine E, le zinc et le sélénium.
Et les hormones ?
Reste l’hormonothérapie, qui est indiquée notamment dans
l’azoospermie non obstructive. L’administration de chorionique
gonadotropique (qui n’est plus disponible pour l’instant) ou de
folliculine alpha sont indiqués en association dans le traitement
des hypogonadismes hypogonadotropes (soit 2 % des azoospermies non
obstructives), tandis que le citrate de clomifène a été étudié dans
l’oligospermie avec un succès qui doit être mis en balance avec le
risque d’effets secondaires. Il faut cependant savoir que la
spermatogenèse requiert de la testostérone intratesticulaire, ce
que la FSH, le clomifène (à débuter à faible dose et augmenter par
paliers) et la LH permettent, avec les résultats les plus probants
lorsque le taux de FSH est normal. Ces traitements doivent
cependant être prolongés et nécessitent un suivi régulier
clinico-biologique. Le clomifène est généralement utilisé plus
volontiers car il est administré per os, mais il ne donne que peu
de résultats lorsque le taux de FSH est augmenté. Tous ces
traitements donnent des résultats intéressants sur des populations
sélectionnées, en particulier les patients qui ont une
hypospermatogenèse ou un arrêt de maturation tardif. Lorsque la FSH
est augmentée, le nombre de récepteurs à la gonadotrophine diminue
ainsi que le taux de testostérone intratesticulaire tandis que la
sécrétion de LH est moins pulsatile. Les travaux actuels portent
dans ce cas sur un ‘resetting’ de la FSH avec un boost de
testostérone intratesticulaire et de l’HCG à forte dose. Les
premiers résultats sont intéressants mais demandent encore à être
confirmés.
En bref, les règles hygiéno-diététiques sont indispensables. Les
antioxydants peuvent être administrés sans excès et
l’hormonothérapie sera proposée dans des populations
sélectionnées.
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