
Du sang et des larmes
La bataille de l’attractivité
Aurélie Haroche
Aurélie Haroche
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Interdire comme s'apprête à le faire le gouvernement n'est pas La solution, comme vous le suggérez dans votre article.
Il existe une profession qui peut aider à désengorger, à expliquer, et comprendre ce qui se joue ici, il s'agit de l'ergonome.
Étant ergonome, je prêche forcément pour ma paroisse mais pas uniquement. Travaillant en SSR, le phénomène est bien connu, et depuis très longtemps. Peu de gens se préoccupent des conditions de travail (charge de travail, reconnaissance, moyens, ressources, exigences, population vieillissante...).
Un argument non cité est que certains font de l’intérim pour être payé plus parfois 2 fois plus, avec en prime, une liberté de gérer son emploi du temps. Les personnes veulent travailler mieux que ce qu'on leur propose, ils utilisent le système à leur avantage, ils s'adaptent...
Seulement dans les services tout est désorganisé, décousu ! Interdire ne va rien arranger, pire ça va perdurer mais à la marge, caché, car les besoins eux n'ont pas évolué depuis des décennies quant la vie en parallèle a fait un bond dans le futur.
Notre système de santé est vieillissant, déconnecté. Les solutions et elles existent, doivent se construire...
M S Mecif, ergonome (& enseignant d'activité physique adaptée)
Votre article est bien représentatif de la situation : l'intérim coûte cher, sus à l'intérim ! Voici le mantra simpliste de la haute gouvernance, celle qui est loin des hôpitaux.
Le directeur du CH du coin sera quant à lui bien content de pouvoir faire tourner un service, voire un hôpital entier, grâce à ces supplétifs.
Nos ministres n'ont rien appris depuis 20 ans : au sein même des hôpitaux le service de Pool a pris une grande ampleur, ces personnels internes sont "volants" , ils doivent suppléer aux absences prévues ou non, et on voit bien depuis des lustres leur effectif gonfler, ce qui témoigne déjà de problèmes internes (des personnels ne sont pas aussi interchangeables entre services qu'il le faudrait), mais ces volants eux aussi désertent pour les mêmes raisons que les affectés.
Certes il y a des abus des intérimaires, mais c'est un prétexte trop commode pour escamoter les responsabilités des décideurs ou simplement la réalité du terrain : CDD ou intérim, pas de CDI dans des établissements ou on se sent malheureux, qui pourrait comprendre le contraire sauf notre ministre ?
Dr F Chassaing
Je me demande si ces personnes ont jamais été confronté à la réalité du terrain.
Les soignants sont à bout de souffle depuis bien longtemps, la précarité en personnel de nombre d'établissements n'est pas une nouveauté, et l'usage chronique d'intérimaires non plus. C'est d'ailleurs ainsi que j'ai commencé et j'y ai beaucoup appris.
Et il faut un peu se réveiller, le nombre d'agences d'intérim ayant décidé de proposer des missions aux soignants explose.
Bien sûr aucun questionnement sur les conséquences de la crise Covid, alors que j'ai rencontré la deuxième cadre infirmière qui me dit avoir démissionné car ras-le-bol de faire les soins de 17 à 20 h car personne ne veut rester et que la direction s'aplatit.
En 2019 on m'a proposé un poste en Ehpad public payé 1 600 euros net. J'avais alors 22 ans de diplôme infirmier. Je ne me brade plus.
Et quand on lèvera cette obligation vaccinale qui paraît-il n'a pas de conséquences sur les manques de soignants, et bien je ré-attaquerai en intérim, car depuis que j'ai organisé ma précarité professionnelle en enchaînant des CDD, j'évite les maltraitances liées au fait d'être en CDI que trop croient être un titre de propriété d'un personnel, et j'ai bien l'intention de ne plus être privé de pouvoir assister à l'anniversaire d'un ami car personne ne veut modifier son planning, ni de remplacer au pieds levé car il manque toujours quelqu'un, ni de subir des conditions de travail désastreuses en étant si mal payé.
Quitte à travailler dans des conditions déplorables, autant que ça en vaille le prix.
Et qu'on ne me parle pas de vocation, je ne sais pas qui a envie d'avoir un salaire qui soit devenu inférieur à celui que j'ai pu toucher il y a vingt ans.
Le jour où on arrêtera de traiter les soignants comme des esclaves, qu'on améliorera les salaires et les conditions de travail, les choses changeront. Mais on en est loin.
L Saint-Martin, IDE