L'écoresponsabilité s'invite au congrès mondial d'ophtalmologie

Le célèbre adage primum non nocere s'applique bien sûr aux patients, mais il peut aussi s'appliquer de façon plus large. Explications :

Commençons par le plus simple, une étude allemande interventionnelle randomisée prospective allemande a comparé phacoémulsification par ultrasons et photofragmentation par nanolaser chez des sujets atteints de cataracte nucléaire de grade 3.

Passons sur les détails, il s'avère que le traumatisme engendré par l'intervention, évalué par le comptage de cellules endothéliales cornéennes (critère principal), est significativement moindre avec la photofragmentation (à J7 le nombre continue à diminuer dans le groupe phacoémulsification alors qu'il augmente dans le groupe photofragmentation). Dont acte et puisque "primum non nocere" optons pour cette dernière approche. Et si vous n'êtes pas entièrement convaincus avec cette donnée, les investigateurs ajoutent que cette procédure consomme nettement moins d'énergie.

Et la fibre écologique ne s'arrête pas là, loin s'en faut

Des résultats d'essais pilotes menés en Asie, Afrique, Europe et aux États-Unis ont permis d'identifier certaines habitudes et attitudes modernes qui ont un impact délétère certain sur la productivité, le coût et l'empreinte carbone en matière de chirurgie de la cataracte.

Une application (Triple C for Community Cataract Care) est en cours de développement qui permettra à chacun de comparer ses performances à celles obtenues par d'autres. Il s'avère déjà qu'il y a beaucoup à tirer de l'observation des ce qui se passe dans les pays moins développés où de façon générale les interventions sont plus dictées par la nécessité que par le confort. Le but ultime est que chacun fasse son examen de conscience de façon à ce que sa façon de faire satisfasse les besoins de sa communauté de façon responsable sur les plans économique et environnemental.

Pour ceux qui n'auraient pas compris, un autre travail nous apprend que dans une unité pratiquant des interventions pour cataracte, le gâchis de médicaments non utilisés représente quelque 187 500 dollars par an, ce qui, paraît-il, représente 2 105 kg d'équivalents CO2 rejetés mensuellement dans la nature, soit la même quantité que le fait de bruler 900 litres d'essence.

Pour info le nombre d'opérations de la cataracte devrait augmenter d'environ 30 % d'ici à 2030 en raison de l'augmentation de l'espérance de vie, donc si l'on ne veut pas nuire à notre environnement…      

Dr Jean-Claude Lemaire

Références
Gandolf Sauder et coll. : Short-term Effect of Two Cataract Surgery Methods: Phacoemulsification and Photofragmentation.
• Cassandra Thiel et coll. : Improving Cataract Productivity, Costs and Carbon Footprint through Global Benchmarking: Results of 'Triple C' Pilots in Asia, Africa, Europe and US.
• Jenna Tauber et coll. : The Carbon Footprint of Cataract Surgery: Why Every Wasted Pharmaceutical Drop Counts.

World Ophthalmology Congress (Barcelone) : 16 au 19 juin 2018.

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