La Chine s’accroche à la politique zéro-Covid

Pékin, le lundi 7 novembre 2022 – Le gouvernement chinois a annoncé qu’il n’infléchirait pas sa politique zéro-Covid, brisant les espoirs des habitants et des marchés financiers.

L’espoir aura été de courte durée. Depuis quelques jours, des rumeurs circulaient annonçant que le gouvernement chinois allait prochainement infléchir sa politique zéro-Covid, qui plombe l’économie mondiale depuis près de trois ans. Il a suffi de l’annonce d’une prochaine réunion de la Commission nationale de la santé et de propos optimistes attribués à Zeng Guang, ancien président des Centres de contrôle des maladies (CDC) chinois, pour que l’euphorie gagne les marchés financiers du monde entier.

Mais ces espoirs ont été brutalement douchés ce samedi, lorsque Mi Feng, porte-parole de la Commission nationale de la santé, a annoncé que la Chine « s’en tiendra indéfectiblement à la politique globale du zéro-Covid ».  

200 000 ouvriers enfermés sur leur lieu de travail


Certains spécialistes de la Chine pensaient pourtant que le 20ème congrès du parti communiste chinois, qui s’est tenu cet octobre, pouvait être l’occasion d’une remise en cause de la politique sanitaire de Pékin. Mais cette doctrine est devenue si indissociable du régime de Xi Jinping, qui vient d’être reconduit pour un troisième mandat à la tête du pays, qu’elle est difficilement amendable. Pour Xi, le zéro-Covid est devenu le symbole du contre-modèle chinois, qui serait parvenu à protéger ses habitants de l’épidémie, alors que les gouvernements occidentaux laissaient des millions de leurs habitants périr.

Le dépistage massif, les confinements drastiques et inopinées et la fermeture des frontières sont donc plus que jamais à l’ordre du jour, alors que les contaminations augmentent ces dernières semaines. Des dizaines de millions de Chinois sont actuellement priés de rester chez eux, parfois pour de simples suspicions de cas. A Shanghai, il a suffi qu’un seul cas soit recensé pour que 67 000 visiteurs soient enfermés du jour au lendemain au sein du parc Disneyland.

A Shenzhen dans le sud du pays, les 200 000 employés de l’immense usine Foxconn qui produit près de 70 % des Iphone vendus dans le monde sont enfermés sur leur lieu de travail depuis la mi-octobre. Alors que le nombre de cas au sein du personnel reste secret, plusieurs centaines d’ouvriers se seraient enfuis.

Catastrophe économique et drames en série


La Chine est désormais le seul pays du monde à maintenir une politique sanitaire aussi sévère, les autres nations du globe ayant assoupli leurs règles avec l’arrivée des vaccins et du variant Omicron. Une politique qui n’est évidemment pas sans conséquence sur le plan économique. En octobre, les exportations chinoises ont diminué de 0,3 % sur un an et les exportations de 0,7 %, du jamais vu depuis la première vague épidémique début 2020.

Cette année, l’Empire du milieu ne devrait faire que 2,7 % de croissance, l’un des taux les plus bas depuis que le pays s’est tourné vers le capitalisme à la fin des années 1970. Pas de quoi pour autant faire changer d’avis le parti communiste chinois (PCC), qui refuse toujours, par fierté national, d’importer des vaccins occidentaux, jugés pourtant plus efficaces que les vaccins chinois par la plupart des scientifiques indépendants.

Si la politique sanitaire chinoise a permis de diminuer fortement la mortalité liée à l’épidémie (officiellement, seulement 27 000 Chinois sont morts en 3 ans), elle provoque parfois des drames. Le 18 septembre dernier, un bus transportant des personnes cas contacts vers un centre de rétention a eu un accident, provoquant la mort de 27 individus. Enfin, ce jeudi, la police de Lanzhou, dans le nord-ouest de la Chine, a présenté ses excuses, après qu’un enfant de 3 ans est mort d’une intoxication au monoxyde de carbone faute de soins, les services de secours n’ayant pas pu se rendre à son chevet à temps à cause du confinement.

Nicolas Barbet

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