
Dictature sanitaire et capitalisme sauvage
Pékin quasiment confinée
Nicolas Barbet
Nicolas Barbet
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"Zéro Covid, zéro décès" : la stratégie était cohérente initialement. Restait à savoir son coût économique et social. La tolérance sociale face à la dictature chinoise était favorisée par la croissance dont le ralentissement pourrait rebattre les cartes.
L'arrivée d'Omicron a été le révélateur de la faillite des choix chinois rendant ubuesque l'acharnement : efficacité très incertaine de vaccins locaux non ARNm copieusement exportés, stratégie privilégiant... les sujets jeunes, une population peu primo-infectée puisque "zéro-covidée".
L'acharnement idéologique face à l'échec a des causes simples : ne pas exposer (donc révéler) la précarité du réseau sanitaire non urbain, ré-"élection" de Xi Jinping, refus de l'ARNm occidental "décadent" (version chinoise attendue en 2023 ?).
La comparaison avec les voisins démocratiques eux (Taïwan bien sur mais aussi Corée du Sud) ne risque pas d'être exposée tant elle est cruelle.
Les voyageurs noteront la désertification des escales chinoises : moins de 5 % des vols Paris-Chine sont maintenus. L'impact économique de cet isolationnisme acutisé par la décroissance "occidentale" n'échappera pas, l'immobilier n'en est qu'une illustration criarde.
Comme toujours nationalisme, pointer l'ennemi de l'intérieur et de l'extérieur permettra ne noyer le poison quitte à montrer les muscles.
Mais il reste quelques "intellectuels" (les autres étant des huitres ?) pour défendre un "modèle" chinois censé privilégier le collectif sur l'individuel mais qui sacrifie les deux in fine.
Dr JP Bonnet
La Chine est d'abord exposée à un risque d'une toute autre ampleur que le nôtre : plus d'un million de morts en quelques semaines en cas de vague épidémique, sans compter les conséquences indirectes, incalculables, du débordement d'un système de santé déficient. Le problème central est certes d'avoir refusé de vacciner systématiquement les sujets à risque par les "produits occidentaux", mais rien ne dit que cela aurait suffi.
La Chine présente un second risque, peut-être plus grave encore. A cette échelle démographique, l'extension de la circulation virale dans de gigantesques conurbations hyperdenses expose à l'émergence d'innombrables variants dont quelques-uns auront inéluctablement une capacité optimisée d'échappement aux défenses de l'hôte. Notre problème est que ces souches à haut risque se répandront dans le monde, comme c'est le cas pour les viroses venant d'Asie depuis des lustres.
A ces difficultés, je doute que les donneurs de leçons à la Chine aient des réponses bien sûres. Je doute que les responsables chinois soient moins intelligents que nous, et j'imagine qu'il leur arrive de réfléchir aux conséquences de leurs décisions dans un contexte qui n'est pas le nôtre.
Dr Pierre Rimbaud
Justifier l'acharnement dans la stratégie "zéro-covid ou presque" par un soucis d'éviter l'émergence de souches plus virulentes n'a jamais été un argumentaire utilisé par les dirigeants chinois eux même. Un bel universalisme pourtant dont personne n'est coutumier.
Ils ont évoqué la moindre virulence d'Omicron et successeurs... hier en commençant à lâcher du lest sous la pression de la rue (et de la "Bourse"?).
Nos collègues Hong-kongais l'avaient initialement établi ex vivo dès décembre 2021 en démontrant bien une affinité bronchique supérieure mais pulmonaire bien moindre.
Les responsables chinois ne sont pas moins intelligents que "nous", ni plus nombrilistes. Difficile de nier qu'ils sont moins transparents.
Suggérer qu'une stratégie vaccinale privilégiant les plus fragiles et des vaccins plus efficaces aurait été plus pertinente ne relève pas du sino-bashing mais du bon sens.
Dr JP Bonnet