La cohorte ainsi constituée totalisait 3 505 femmes asthmatiques et 4 593 grossesses : 302 cas d'hypertension gravidique sont apparus, soit un taux de 6,58 %, répartis en HTA simple (128), pré-éclampsie (169) et éclampsie (9). Pour chacune de ces femmes, 10 témoins appariés ont été sélectionnés. La prise de corticoïdes inhalés n'était pas significativement associée à une augmentation du risque d'hypertension artérielle (odds ratio après ajustement= 1,02 ; IC95 % : 0,77 à 1,3) ou de pré-éclampsie (OR=1,06 ; IC95% : 0,74 à 1,53). Après utilisation d'un autre modèle de régression logistique, il n'a pas non plus été observé de relation dose-dépendante entre la corticothérapie inhalée et le risque d'HTA gravidique. En revanche, ce risque était significativement plus élevé en présence de marqueurs d'asthme mal contrôlé : plus de 3 prises hebdomadaires de beta2mimétiques de courte durée d'action avant la grossesse (37 %), consultation aux urgences ou hospitalisation pour crise d'asthme avant la grossesse (59 %) et corticothérapie orale pendant la grossesse (57 %).
Cette étude est basée sur les remboursements de médicaments par l'assurance maladie québécoise qui ne reflète pas forcément leur prise réelle et concerne la partie de la population la moins aisée qui n'a pas accès aux assurances privées. Néanmoins le grand nombre de cas et de témoins et la prise en compte de plusieurs facteurs de confusion dans les analyses statistiques autorisent les auteurs à généraliser ces résultats à l'ensemble de la population. L'absence de risque d'hypertension artérielle gravidique lié à la corticothérapie inhalée fournit ainsi aux praticiens un argument supplémentaire pour encourager les asthmatiques à poursuivre ce type de traitement pendant la grossesse.
Dr Odile Biechler
Martel M J et coll.: "Use of inhaled corticosteroids during pregnancy and risk of pregnancy induced hypertension: nested case-control study." BMJ 2005; 330 : 230. © Copyright 2005 http://www.jim.fr