La metformine a-t-elle un effet protecteur lors des arrêts cardiaques ?

Aux États-Unis, environ 350 000 adultes sont victimes d'arrêt cardiaque extrahospitalier chaque année et 292 000 d'arrêt cardiaque intra-hospitalier (ACIH). La prévalence du diabète sucré, facteur de maladies cardiovasculaires, est passée de 8,4 % en 2005 à 12,1 % en 2010, et elle devrait continuer à augmenter aux USA. La metformine est un médicament de première intention dans le diabète de type 2 (DT2).

es études antérieures ont montré que les traitements antidiabétiques sont associés à une réduction de la mortalité chez les patients atteints de diabète. Des effets cardioprotecteurs et neuroprotecteurs de la metformine ont été mis en évidence dans des modèles animaux d’arrêt cardiaque ou d’ischémie-reperfusion. Ainsi, elle pourrait augmenter la survie des patients diabétiques victimes d'un arrêt cardiaque mais peu d'études ont évalué cette association.

L'évaluation correcte de l'administration de médicaments antidiabétiques chez les patients victimes d'un arrêt cardiaque extrahospitalier étant ardue, cette étude observationnelle rétrospective a inclus des patients adultes avec un DT2 victimes d'un ACIH entre avril 2017 et mars 2022. L'hypothèse émise était que la prise de metformine (et de médicaments contre le diabète) dans les 24 heures précédant l'arrêt cardiaque serait associée à l’amélioration de la survie à la sortie de l'hôpital et à un meilleur résultat neurologique. Une analyse de régression logistique multivariable a été réalisée.

Lien avec la survie

La prise de metformine dans les 24 heures précédant l’ACIH était relevée dans les dossiers médicaux ou par les informations des proches. Parmi les 377 patients inclus (femmes 40,3 %, âge moyen et médian 69 ans), l’administration de metformine a été associée à un taux plus élevé de survie à la sortie et à un bon résultat neurologique (41,5 % vs 11,7 %, p < 0,001 et 18,9 % vs 6,2 %, p = 0,004, respectivement).

De plus, la prise de metformine au cours des 24 heures précédant l'ACIH a été indépendamment associée à la survie à la sortie et à un bon résultat neurologique (Odds ratio ajusté aOR 5,37, intervalle de confiance à 95 % IC 95 % 2,13-13,53, p< 0,001 et aOR 3,57, IC 95 % 1,14-11,17, p = 0,029). Le taux de survie jusqu'à la sortie a été le plus élevé chez les patients ayant reçu 500 à 1 000 mg/jour de metformine (p< 0,001). La metformine n'a pas été associée à la survie jusqu'à la sortie de l'hôpital chez les patients présentant une insuffisance rénale aiguë

Tenir compte des limites

En raison de la conception observationnelle rétrospective de l'étude des co-variables ont pu être omises, et les liens mis en évidence ne sont que des associations. De plus, le nombre de patients était faible. Les récents inhibiteurs du SGLT2 n'ont pas été inclus dans l'analyse principale car ils n'étaient administrés qu'à peu de patients. Cependant, des résultats similaires ont été obtenus lorsque les inhibiteurs du SGLT2 ont été inclus dans les analyses.

De plus, dans les études précédentes montrant un bénéfice des SGLT2 en termes de survie, les patients prenaient le plus souvent également de la metformine. L'acidose lactique et le statut « ne pas réanimer » pourraient avoir affecté l'utilisation de la metformine. Cependant, la metformine était toujours associée de manière indépendante à la survie à la sortie de l'hôpital après ajustement du statut « ne pas réanimer », de l'acidose lactique et des autres variables utilisées dans l'analyse principale (aOR 5,52, IC 95 % 1,98-15,37, p < 0,001).

Enfin, la posologie de la metformine peut caractériser le statut du diabète et les patients diabétiques sévères mal contrôlés peuvent présenter de multiples comorbidités. Après ajustement des comorbidités, la metformine reste indépendamment associée à la survie à la sortie de l’hôpital. En outre, l'HbA1c n'était pas significativement différente entre le groupe ayant reçu 500 mg de metformine et le groupe ayant reçu plus de 500 mg de metformine (p = 0,208).

Des études multicentriques de grande envergure s’imposent avant de conclure que, chez les patients diabétiques de type 2 victimes d’un arrêt cardiaque intra-hospitalier, la prise de metformine au cours des 24 heures précédentes est indépendamment associée à la survie jusqu'à la sortie et à un bon résultat neurologique.

Dr Bernard-Alex Gaüzère

Référence
Jin BY, Song J, Kim J, et al. Association between metformin and survival outcomes in in-hospital cardiac arrest patients with diabetes. J Crit Care. 2023 Feb;73:154171. doi: 10.1016/j.jcrc.2022.154171. Epub 2022 Oct 21. PMID: 36279760.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article