La télémédecine, solution contre la crise des urgences ?

Paris, le mercredi 17 août 2022 – En région parisienne, les équipes mobiles de télémédecine permettent d’éviter de nombreux passages inutiles aux urgences.

« Un véhicule avec un secouriste, une infirmière et une mallette de télémédecine avec objets connectés se rend chez le patient à la demande du Samu pour réaliser une téléconsultation avec un médecin libéral ». Tel était l’une des solutions proposées par la fameuse mission flash menée en juin dernier par le Dr François Braun, devenu entre temps ministre de la Santé, pour désengorger des services d’urgence au bord de la saturation.

Un mois après la fin de cette mission flash, et alors que certaines des recommandations du rapport final sont encore à l’étude, des équipes mobiles de télémédecine sont déjà à l’œuvre en France.

A Paris et dans les départements alentour (Val-d’Oise, Seine-et-Marne et Val-de-Marne), les infirmiers et bénévoles de l’association Sauv Life sont ainsi envoyés par le Samu chez les patients qui ne peuvent pas aller voir leur médecin traitant, souvent parti en vacances, mais dont l’état n’est pas jugé suffisamment grave pour aller aux urgences.

Bien souvent, l’intervention d’un des onze binômes infirmier-bénévole de l’association suffit à résoudre le problème médical. Cependant, si besoin est, l’équipe transporte avec elle une mallette de télémédecine et peut organiser une consultation avec un médecin qui se trouve parfois à plusieurs centaines de kilomètres.

Lors de ces téléconsultations, l’infirmier devient la main et les yeux du médecin et peu, par exemple, réaliser une échographie ou un électrocardiogramme dont les résultats sont immédiatement envoyés au clinicien.

450 passages aux urgences évitées en juillet

Les patients pris en charge par ces unités mobiles sont en grande majorité des personnes âgées et isolées, qui ne souhaitent pas attendre des heures dans les couloirs des urgences pour voir un médecin. Alors que l’été est marqué par une forte augmentation des appels au 15 (jusqu’à 39 % en plus dans certains départements), ces équipes permettent d’éviter des passages aux urgences superflus.

Sur 600 personnes visitées en juillet, 450 ne sont pas allées aux urgences. Le 2 août dernier, François Braun estimait d’ailleurs que 30 à 40 % des patients se rendant aux urgences pourraient être pris en charge autrement.

L’intervention des unités de Sauv Life permet également de faire des économies de dépenses de santé et de temps médical. « Un médecin peut réaliser 70 consultations en 20 heures à distance, à domicile, cela aurait pris 70 heures » explique Lionel Lamhaut, fondateur de Sauv Life.

« On estime que le coût est de 120 à 130 euros par patient contre 350 à 400 euros si ce même patient se rendait aux urgences » ajoute-t-il. L’ARS d’Ile-de-France a investi 20 000 euros par unité mobile et par mois, pour une expérimentation qui doit s’achever le 31 septembre.

Le dispositif sera ensuite évalué à l’automne avant une éventuelle généralisation au niveau national.

Un signalement pour « mise en danger des personnes hospitaliers »

En attendant, les services d’urgence de toute la France continuent de souffrir du manque de soignants, certains devant même fermer leurs portes. Selon le syndicat SAMU Urgences de France (SUdF), 42 établissements de santé ont fermé leurs services d’urgence la nuit et 23 ont été contraints à une fermeture totale.

Une situation finalement reconnue du bout des lèvres par François Braun après plusieurs jours de déni, lui qui fut pendant 8 ans le président du SUdF. Dans la petite ville de Saint-Calais, dans la Sartre, les urgences sont fermées depuis une semaine et les 3 000 habitants sont donc contraints de se rendre au service des urgences de Montval-sur-Loir, à 40 km de là, lui-même fermé un jour sur deux.

A l’hôpital de Laval, dans la Mayenne, où les urgences ont été fermées à plusieurs reprises ces dernières semaines, la CGT et FO ont émis un signalement auprès du procureur de la République pour « mise en danger des personnels hospitaliers ».

Une action symbolique visant à mettre en lumière « la souffrance psychologique et physique des professionnels de santé » selon les syndicats. Déjà en octobre dernier, les soignants de l’hôpital de Laval s’étaient mis en grève pour protester contre le manque de médecins.

Quentin Haroche

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Vos réactions (1)

  • Réponse infirmière

    Le 17 août 2022

    Voilà plus de 20 ans que les Services Départementaux d'Incendie et de Secours arment des véhicules légers infirmiers avec des infirmiers sapeurs-pompiers volontaires ou professionnels pour amener une première réponse aux urgences dans les territoires ruraux. Ces infirmiers bénéficient d'une solide formation initiale et continue, et travaillent en liaison avec le médecin régulateur du Centre 15.
    Cette solution a longtemps été décriée par les syndicats d'urgentistes (SuDF en tête, dont l'ancien président et actuel ministre qui nous qualifiait de Néandertaliens).
    Il semblerait que le vent tourne (à condition que la solution soit appliquée par les hospitaliers et non les sapeurs-pompiers...).

    Thierry Haubtmann, IDE

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