La vaccination pourrait-elle avoir un effet préventif sur la mort subite inattendue du nourrisson ?

La mort subite inattendue du nourrisson (MSIN), désigne à l’origine « le décès subit d’un enfant de moins de 1 an, survenant alors que rien dans ses antécédents connus ne pouvait le laisser prévoir ». Elle se produit le plus souvent durant le sommeil, chez des nourrissons qui se portaient au mieux. L’autopsie ne révèle aucune cause patente dans 90 % des cas. En dépit de nombreuses études épidémiologiques et d’une recherche clinique des plus actives, la MSIN reste un grand mystère et les hypothèses vont toujours bon train. Des facteurs génétiques sont incriminés et un défaut de maturation du système nerveux autonome a été également évoqué. Le rôle des infections respiratoires a été avancé et, à ce titre, il est licite de s’interroger sur le rôle potentiel de la vaccination. Cette dernière en protégeant de bon nombre d’infections respiratoires et autres ne pourrait-elle pas diminuer le risque de MSIN ?

Une étude multicentrique cas-témoins française

Cette hypothèse est à l’origine d’une étude multicentrique française, du type cas-témoins, qui s’est déroulée entre mai 2015 et juin 2017 et a en partie reposé sur le registre national des MSIN auquel participent 35 centres régionaux spécialisés. Les 91 cas retenus concernaient des nourrissons âgés de moins d’un an, tous décédés dans les conditions d’une MSIN et recensés dans le registre en question. Ils ont été appariés selon l’âge et le sexe, à 182 témoins tous hospitalisés au sein du centre hospitalo-universitaire de Nantes. Un médecin a fait le point sur les vaccinations en prenant en compte celles dirigées contre la diphtérie, le tétanos, la coqueluche, le poliovirus inactivé, l'Haemophilus influenzae B et l'hépatite B, le vaccin pneumococcique conjugué 13-valent (PCV13) faisant également partie de la liste. Les nourrissons des deux groupes ont été considérés comme immunisés, s’ils avaient reçu au moins une dose de ces vaccins.

Risque doublé en l’absence d’immunisation

L'âge médian au sein des deux groupes était de 131 jours (intervalle interquartile : 98-200), le sex ratio étant de 1 :1. La comparaison intergroupe, tous vaccins confondus, a révélé que la proportion de non vaccinés était plus élevée dans le groupe des cas, soit 22 %, versus 12 % dans celui des témoins. Après ajustement en fonction des facteurs de confusion potentiels, le risque de MSIN a été significativement associé à l’absence d’immunisation, l’odds ratio ajusté correspondant étant en effet estimé à 2,01 [intervalle de confiance à 95 % 1,01-3,98, p = 0,047]).

L’absence d’immunisation contre les agents pathogènes retenus dans cette étude apparaît donc associée à un risque accru de MSIN. Cependant, l’approche transversale du type cas-témoins ne permet pas de conclure à un lien de causalité, même si ces résultats peuvent être utilisés pour lutter contre le scepticisme vaccinal ambiant …

Dr Philippe Tellier

Référence
Deschanvres C et coll. : Non-immunization associated with increased risk of sudden unexpected death in infancy: A national case–control study. Vaccine. 2023;41(2):391-396. doi: 10.1016/j.vaccine.2022.10.087.

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