
Dans le sillage d’un texte législatif « controversé » confirmant l’évolution des débats sociétaux au Québec sur le droit de la famille et sur « l’identité de genre », The Canadian Journal of Psychiatry publie la lettre d’une équipe universitaire de Sherbrooke (Canada) commentant ce « Projet de loi n° 2 » de l’Assemblée nationale du Québec[1] .
Ce dernier porte en effet sur la réforme du droit de la famille en matière de filiation et modifie le Code civil en matière de droits de la personnalité et d’état civil. Par exemple, la mention de l’identité de genre « masculine, féminine ou non binaire » pourra désormais (au Québec) « être ajoutée à un acte de naissance et représentée par l’un des symboles suivants : « M », « F » ou « X. »
Et lors d’un accord d’ajout d’une mention de l’identité de genre, l’acte de naissance de la personne sera modifié par une mention référant à une identité masculine, féminine ou non binaire, selon le cas.
En réponse à ce Projet de loi n° 2, les « personnes autrices » (sic, dans le texte) de cette lettre estiment que chez les sujets « trans et non-binaires », le fait d’avoir pu compléter une transition souhaitée est « associé à une meilleure satisfaction de vie, ainsi qu’à moins de détresse psychologique, comparativement aux personnes qui n’entament pas de transition. »
Dans leur enquête en ligne (réalisée en 2018) sur l’accès aux services, les besoins et les enjeux psychosociaux des personnes trans et non-binaires, la détresse psychologique est évaluée à l’aide de l’échelle Kessler Psychological Distress Scale[2] et la satisfaction de vie à l’aide de la Satisfaction with Life Scale[3].
Pouvoir accomplir les démarches de transition légale
Les étapes légales ou administratives concernent le fait d’avoir entrepris au moins l’une de ces démarches : « changement du nom auprès de la direction de l’état civil ; changement de la mention du sexe auprès de la direction de l’état civil ; changements administratifs auprès d’autre(s) organisme(s) ; autre(s) démarche(s). »
Cette étude montre que l’accomplissement d’au moins une « démarche de transition légale ou administrative » est associé à un « niveau significativement moindre de détresse psychologique » (environ 37 % d’un écart-type de la détresse psychologique, soit 2 points) et à une « satisfaction de vie significativement plus élevée » (environ 38 % d’un écart-type de la satisfaction de vie, soit 2,5 points).
Corroborant une autre recherche sur « les bienfaits de
l’utilisation du nom choisi sur la santé mentale des jeunes trans
et non-binaires », ces résultats suggèrent qu’une facilitation de
l’accès aux démarches de transition légales et de l’adaptation des
critères de l’état civil « pour qu’ils reflètent adéquatement la
pluralité des genres » est susceptible d’influer positivement sur
la santé des populations trans et non-binaires au Québec et
ailleurs.
Dr Alain Cohen