Comme l’a rappelé le Pr Jean-Sébastien Raul, le secouement est
un geste d’une grande violence entrainant un mouvement brutal du
rachis cervical avec une accélération angulaire de la tête qui
explique les lésions constatées.
Le scanner cérébral, clé de voûte du diagnostic
Le repérage de ces lésions par l’imagerie est donc une étape essentielle au diagnostic et notamment le scanner cérébral, clé du diagnostic grâce à sa grande sensibilité et sa très bonne spécificité pour repérer les hémorragies intracrâniennes. Les lésions parenchymateuses seront, quant à elles, mieux appréciées par l’IRM et d’autres lésions traumatiques peuvent être détectées par les radiographies du squelette ou l’échographie abdominale. Le Dr C. Adamsbaum a insisté sur le fait que le radiologue ne doit pas chercher à dater les lésions. La datation est une question pour l’expert, inutile au diagnostic et peut même gêner l’expertise médico-légale ultérieure. Il est en revanche fondamental que le compte-rendu d’imagerie mentionne, si c’est le cas, la présence de lésions d’âges différents, au niveau du cerveau ou du squelette, qui indiquerait plusieurs épisodes de violence et donc un risque élevé de répétition.Prévenir les répétitions
Car en effet, la répétition des épisodes de secouements est désormais une composante connue du syndrome du bébé secoué. Certains travaux évoquent jusqu’à 30 épisodes de secouements, et une moyenne de 10 par enfant victime. Pour le Dr Anne Laurent-Vannier, cette notion de répétition a bouleversé la prévention du syndrome du bébé secoué. Si la prévention du premier épisode est encore d’actualité, il est tout aussi important de prévenir la réitération par la détection la plus précoce possible des premiers signes de violence. Le diagnostic reste toutefois l’un des plus difficiles pour le praticien : les symptômes sont variés et pas toujours rapportés par l’entourage. Le diagnostic doit se baser exclusivement sur des éléments objectifs et opposables (les lésions mises en évidence par le bilan et l’histoire rapportée par l’adulte) et non sur des facteurs de risque.Immunité totale pour l’auteur du signalement
Dès que le diagnostic est probable, le signalement s’impose, avec copie au président du Conseil départemental de l’Ordre. Maitre Sylvie Vernassière apporte la touche juridique à la présentation et confirme que, si la crainte du signalement pouvait être jusqu’il y a peu justifiée, ce n’est plus le cas depuis la loi du 5 novembre 2015. Depuis 2004 déjà, un médecin signalant une maltraitance ne court plus le risque de sanction ordinale. Pénalement, les risques étaient eux aussi limités, mais le médecin n’était pas protégé par le code civil. La loi du 5/11/2015 garantit une immunité quasi-totale sur le plan civil (sauf s’il est établi que le médecin n’a pas agi de bonne foi). Le devoir du médecin est donc de signaler quand il a une suspicion de bébé secoué. Me S. Vernassière insiste elle aussi sur le fait que le médecin doit s’abstenir de toute tentative de datation des faits ou de « mener une enquête » : tout doit être consigné sur le rapport de signalement, sans jamais porter de jugement.Dr Roseline Péluchon