Le comité d’éthique ouvre la porte au suicide assisté et à l’euthanasie

Paris, le mardi 13 septembre 2022 – Alors qu’Emmanuel Macron doit tracer aujourd’hui les contours de la convention citoyenne sur la fin de vie qui doit être lancée en octobre, le CCNE (Comité consultatif national d’éthique) a dévoilé un avis sur cette épineuse question.

Le CCNE considère « qu’il existe une voie pour une application éthique de l’aide active à mourir », mais qu’une telle évolution législative se devrait d’aller de pair avec le développement des soins palliatifs.

Procédure collégiale et clause de conscience


Sur l’aide active à mourir, si le législateur se décide à légiférer, le CCNE recommande que l’assistance au suicide soit ouverte aux « personnes majeures atteintes de maladies graves et incurables, provoquant des souffrances physiques ou psychiques réfractaires, dont le pronostic vital est engagé à moyen terme ». Pour les personnes inaptes à l’assistance au suicide, le CCNE suggère l’ouverture d’un droit à l’euthanasie mais laisse aux législateurs le soin de se pencher sur les modalités d’un tel dispositif.

hors de ces cas  (sujets ne pouvant bénéficier de l'assistance au suicide), « la demande d’aide active à mourir devrait être exprimée par une personne disposant d’une autonomie de décision au moment de la demande, de façon libre, éclairée et réitérée, analysée dans le cadre d’une procédure collégiale. La décision de donner suite à une demande d’aide active à mourir devrait faire l’objet d’une trace écrite argumentée et serait prise par le médecin en charge du patient à l’issue d’une procédure collégiale."

Cette procédure permettrait notamment de s’assurer que les souffrances physiques et/ou psychiques de la personne sont réfractaires. Le médecin en charge du patient et les autres professionnels de santé participant à la procédure collégiale devraient pouvoir bénéficier d’une clause de conscience, accompagnée d'une obligation d'adresser le patient à un praticien susceptible de donner suite à sa demande.

L'éventuelle loi telle que réformée par les dispositions envisagées aux points précédents devrait faire l’objet d’une évaluation dans un délai maximum de cinq ans après sa mise en œuvre et être réévaluée ultérieurement écrit le CCNE.

Des questions en suspens


Pour le développement des soins palliatifs, le CCNE propose une batterie de mesures comme : renforcer les soins palliatifs à domicile et dans les établissements médico-sociaux, permettre le droit au répit pour les accompagnants familiaux, rendre plus effectif l’accès à la sédation profonde et continue jusqu’au décès, à l’hôpital, dans l’ensemble des établissements médico-sociaux et à domicile.

Plus ambitieux, le CCNE propose de sensibiliser « l’ensemble des professionnels de santé aux questions relatives à la fin de vie, pour fluidifier et apaiser leur rapport à la mort, les aider à cesser de la confondre avec l’échec ».

A la fin de son avis le CCNE diffuse celui de ses mmebres minoritaires, qui sans pour autant rejeter totalement l’idée d’une loi permettant l’aide active à mourir s’interroge : « quel message enverrait une évolution législative à la société ? Quel message enverrait une telle évolution législative aux personnes gravement malades, handicapées ou âgées ? Ne risque-t-elle pas d’être perçue comme le signe que certaines vies ne méritent pas d’être vécues ? Comment concilier une évolution législative de l’aide active à mourir avec la nécessaire prévention du suicide et les politiques d’accompagnement de la vieillesse ? Quel message enverrait aujourd’hui une évolution législative au personnel soignant ? »

Des questions qui ne manqueront pas d’agiter la convention citoyenne voulue par le Président de la République.

X.B.

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