
Le GNRI (geriatric nutritional risk index) est utilisé pour établir le risque de dénutrition des patients hospitalisés âgés de plus de 65 ans. Il est calculé à partir du poids, de la taille et de l’albuminémie et prend en compte le poids actuel et le poids idéal. Récemment, il a été montré qu’il pouvait aussi être un marqueur pronostic pour la survie totale chez les patients atteints de cancer de la tête et du cou, quel que soit l’âge. La dénutrition affecterait près de 7 patients sur 10 atteints de ce type de cancer, et il est admis que 20 % des décès liés au cancer sont en lien avec la dénutrition, et non pas la conséquence du cancer lui-même.
Une équipe autrichienne a eu l’idée d’évaluer la pertinence de l’indice GNRI comme marqueur pronostic de la réponse à l’immunothérapie. L’étude a été menée sur 162 patients atteints de carcinome à cellules squameuses de la tête et du cou, récidivant et/ou à un stade avancé, et quel que soit l’âge des patients. Le critère principal était la survie sans progression après l’immunothérapie. La survie totale et le taux de contrôle de la maladie constituaient les critères secondaires.
Dans cette cohorte, 49,4 % des patients avaient un score GNRI > 98 (risque faible de dénutrition), les autres un score ≤ 98 (à risque). Ces derniers étaient divisés en plusieurs sous-groupes : GNRI de 98 à 92 (risque faible), de < 92 à 82
(risque moyen) et < 82 (risque élevé).
Survie sans progression et survie totale corrélées au GNRI
L’étude confirme qu’un GNRI faible est significativement corrélé à une diminution de la survie sans progression et à la survie totale. La survie sans progression est de 28,3 % pour les patients dont le GNRI est > 98, de 12,7 % pour ceux à risque faible, 9,4 % pour le risque moyen et 10 % dans le groupe à risque élevé. Quant à la survie totale, elle est de 53,1 %, 47,5 %, 17,3 % et 11,1 % respectivement.
L’analyse multivariée confirme que le score au GNRI est un marqueur indépendant de pronostic, avec une valeur seuil > 98 pour la survie sans progression, et ≥ 92 pour la survie totale.
Dans les 4 sous-groupes, les taux de contrôle de la maladie sont de 53,48 %, 34,6 %, 27,3 % et 16,7 % respectivement.
De très nombreux travaux attestent
désormais de l’impact de la dénutrition sur le pronostic des
cancers, mais il manque encore une méthode standardisée pour
l’identifier. La Société européenne de nutrition clinique et
métabolisme (ESPEN) utilise un indice de masse corporelle (IMC)
inférieur à 18,5 pour définir la dénutrition.
Dans l’étude décrite ici, cette valeur de l’IMC n’est pas un marqueur pronostic pour la survie sans progression, la survie totale ni la réponse au traitement. D’autres études avaient déjà suggéré que l’IMC n’était pas la méthode optimale pour définir la dénutrition chez les patients traités par immunothérapie. Depuis quelques années, de nombreux outils on été proposés, impliquant une variété de paramètres. Parmi eux, le GNRI a émergé comme un outil robuste et pratique.
Le lien entre dénutrition et réponse à l’immunothérapie démontré ici illustre l’importance de la détermination du statut nutritionnel des patients, et de la mise en place de supports nutritionnels si cela s’avère nécessaire.
Publication réalisée en collaboration avec l’entreprise Nutricia.
Dr Roseline Péluchon