
On ne connait pas l’impact que pourrait avoir la réparation bord à bord de la valve mitrale sur l’incidence et le pronostic des réhospitalisations chez les patients qui ont une insuffisance cardiaque compliquée d’une importante insuffisance mitrale (IM) secondaire.
Giustino et coll. ont donc tenté de déterminer l’effet de la réparation bord à bord de la valve mitrale effectuée grâce à l’insertion percutané d’un MitraClip, sur les hospitalisations fatales ou non et sur la mortalité.
Pour ce faire, ils se sont appuyés sur les données de l’étude COAPT (Cardiovascular Outcomes Assessment of the MitraClip Percutaneous Therapy for Heart Failure Patients With Functional Mitral Regurgitation) menée chez 614 patients qui avaient une insuffisance cardiaque et une importante IM secondaire.
Après randomisation, les patients avaient bénéficié soit d’un traitement médical optimal associé à l’insertion percutanée d’un MitraClip soit du seul traitement médical optimal.
L’hospitalisation était dite fatale si un décès survenait au cours de cette hospitalisation ou non fatale si le patient sortait vivant de l’hôpital.
Deux mois de vie en plus…
Au terme de la 2e année de suivi, comparée au seul traitement médical optimal, il est apparu que l’insertion percutanée d’un MitraClip était associée à un taux moindre d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque (34,8 % vs 56,4 % ; hazard ratio [HR] 0,51 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 0,39-0,66) et pour insuffisance cardiaque fatale (6,5 % vs 12,6 % ; HR 0,47 ; IC 95 % : 0,26-0,85).
De même, l’insertion percutanée d’un MitraClip s’est trouvée associée à une moindre incidence d’hospitalisation de toutes causes, non mortelle ou mortelle.
Lors des 2 années de suivi, les patients qui avaient bénéficié de l’insertion percutanée d’un MitraClip ont vécu en moyenne 2 mois de plus et sans hospitalisation par rapport aux patients qui avaient bénéficié du seul traitement médical optimal (581 ± 27 jours vs 519 ± 26 jours ; p = 0,002).
Cependant les hospitalisations pour tout insuffisance cardiaque en général (HR ajusté [HRa]: 6,37; IC 95 % : 4,63-8,78) et pour insuffisance cardiaque non fatale (HRa 1,78 ; IC 95 % : 1,27-2,49) étaient associées, constamment et de façon indépendante, à une augmentation de la mortalité à 2 ans, tout à la fois dans le groupe insertion percutanée d’un MitraClip et dans le groupe traitement médical optimal seul (p respectifs pour l’interaction = 0,34 et 0,39).
En conclusion, dans l’étude COAPT menée chez des patients souffrant d’une insuffisance cardiaque compliquée d’une importante IM secondaire, comparée au seul traitement médical optimal, l’insertion percutanée d’un MitraClip qui permet la réparation bord à bord de la valve mitrale, était associée : 1-à une moindre incidence d’hospitalisations mortelles ou non et d’aggravation de l’insuffisance cardiaque ; 2-à une plus longue survie sans hospitalisation. Par ailleurs, quel que soit le traitement utilisé, les réhospitalisations pour insuffisance cardiaque étaient associées à la mortalité.
Dr Robert Haïat