
Poissy, le lundi 27 juin 2022 – Un service des urgences à Poissy et un Ehpad à Amiens doivent fermer partiellement cette semaine par manque de personnel.
Les semaines se suivent et se ressemblent tristement pour l’hôpital public français, où le manque de soignants met les services hospitaliers, notamment d’urgences, à rude épreuve et contraint les médecins et les paramédicaux à ne garantir qu’une offre de soins dégradée aux patients. Alors que le gouvernement se démène pour trouver des solutions à la crise rapidement, de plus en plus d’hôpitaux à travers le pays sont touchés. Cette semaine, ce sont les Yvelines et la Somme qui ont vu l’offre de soins se détériorer.
Les urgences de Poissy fermés ce dimanche
A l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye dans les Yvelines, le service des urgences a été tout bonnement fermé ce dimanche. Seuls deux médecins, deux infirmiers et un aide-soignant étaient présents pour accueillir uniquement les « patients en urgence vitale venus par leurs propres moyens ». Les patients non urgents et ceux pris en charge par les services de secours étaient eux redirigés vers les hôpitaux de Mantes-la-Jolie et de Versailles, qui souffrent pourtant eux aussi d’un manque de personnel.
La direction de l’hôpital a été contrainte de prendre cette décision après qu’une grande partie des effectifs a déposé des arrêts maladies, pour la plupart en raison d’une contamination par la Covid-19. Mais pour les salariés, la fermeture aurait pu être évitée si la direction avait pris les devants et entendu les signaux d’alerte tirés par les soignants. « La situation est extrêmement tendue depuis des semaines, les collègues ne se sentent pas écoutés » explique un syndicaliste. « Certains vacataires n’ont pas touché leur prime, logiquement ils n’ont pas souhaité revenir » abonde un autre soignant. « Samedi, il y avait une trentaine de patients en attente ; cela fait des mois que ça dure, certains d’entre nous sont en véritable burn-out » ajoute un autre.
Une réunion de crise de la direction de l’hôpital a eu lieu ce dimanche et a validé « une augmentation massive des effectifs sur la base des propositions effectuées par l’équipe des urgences ». A la fois maire de Poissy, député des Yvelines et président du conseil de surveillance de l’hôpital, Karl Olive a prévu de recevoir les représentants des soignants ce lundi. « Je comprends aujourd’hui la colère du personnel mais notre hôpital n’est pas une exception » a commenté l’élu.
53 résidents d’Ehpad contraints de quitter leur établissement à Amiens
A une centaine de kilomètres plus au nord, c’est le CHU d’Amiens qui est à son tour contraint de se réorganiser face à la pénurie de soignants. A l’Ehpad Saint-Victor, qui dépend du CHU, une des unités de soins a dû fermer ce lundi et une autre suivra vendredi prochain. Si une quinzaine de résidents vont pouvoir être pris en charge dans d’autres services de l’établissement, 53 d’entre eux vont devoir le quitter. Une vingtaine vont être accueillis dans les services de soins de suite de l’hôpital nord d’Amiens, tandis que les autres vont être répartis entre les Ehpad et unités de soins de longue durée (USLD) de la région. Des déplacements qui risquent de « bouleverser les résidents dans leurs habitudes » s’inquiètent Claire Boulinguiez, secrétaire de la CGT au CHU d’Amiens.
Une soixantaine de postes d’infirmiers sont actuellement vacants au CHU d’Amiens. A l’Ephad Saint-Victor, il manque huit infirmiers et quatre sont sur le départ. « Personne n’est capable de dire si les services rouvriront en septembre » explique le fils d’une des résidentes déplacées. « On n’a jamais connu une telle situation à l’hôpital d’Amiens et dans les hôpitaux en France », déplore Claire Boulinguiez, qui dénonce à la fois l’absence de réaction de la direction face à la pénurie de personnel et le manque de reconnaissance dont pâtissent les infirmiers et les aides-soignants.
Alors que l’été approche et que le nombre de contaminations par SARS-CoV-2 repart à la hausse, les situations que traversent les hôpitaux de Poissy et d’Amiens risquent malheureusement de se répéter dans les prochains mois dans d’autres hôpitaux à travers le pays.
Quentin Haroche