
Paris, mardi 30 juin – Le Parlement a adopté en dernière
lecture la proposition de loi de lutte contre la mort subite, qui
créé notamment le statut de « citoyen sauveteur ».
Si vous avez prévu de faire un arrêt cardiaque dans les
prochains jours, mieux vaut vous rendre à Londres ou Stockholm qu’à
Paris. En effet, alors que les victimes d’arrêt cardiaque
inopiné présenteraient selon certaines sources (discutables ?) un
taux de survie de 20 à 40 % dans les pays anglo-saxons et
scandinaves, il n’est que de 4 % en France. Cette différence
importante s’expliquerait par le manque cruel de connaissance des
gestes qui sauvent chez les Français. Seuls 40 à 50 % des personnes
témoin d’un arrêt cardiaque pratiquent un massage cardiaque et
seulement 1 % pensent à utiliser un défibrillateur.
Un « citoyen sauveteur » exonéré de toute responsabilité
C’est dans cette optique que le Parlement a définitivement
adopté, par un vote à l’unanimité du Sénat ce jeudi, la proposition
de loi de lutte contre la mort subite. Adoptée après 18 mois de
tractation entre les deux chambres, ce texte est issu de
l’initiative du député LREM Jean-Charles Cloas-Roy, qui a lui-même
sauvé son épouse victime d’un arrêt cardiaque en 2006 en lui
prodiguant un massage cardiaque.
La principale disposition de la loi est la création du statut
de « citoyen sauveteur ». Toute personne effectuant des
gestes de premier secours en attendant l’arrivée du SAMU ou des
pompiers bénéficiera de ce statut, qui l’exonère de toute
responsabilité civile, sauf en cas de faute lourde ou
intentionnelle. « Ce statut est un signal, une garantie, une
protection supplémentaire pour toutes celles et ceux qui
pratiqueraient des premiers secours sur une victime » a
expliqué Laurent Nunez, secrétaire d’État auprès du ministre de
l’Intérieur.
Sauver 3 000 vies par an
La loi prévoit également la formation de tous les écoliers aux
gestes de premier secours ainsi qu’une campagne de sensibilisation
à l’arrêt cardiaque, notamment à destination des sportifs. Une
journée nationale de lutte contre l’arrêt cardiaque a également été
instauré. Enfin, la peine en cas de vol de défibrillateur a été
porté à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.
Les dispositions de la loi viennent s’ajouter aux nombreuses
initiatives privées prises pour améliorer le taux de survie des
personnes victimes d’arrêt cardiaque et notamment la création, par
l’association RMC/BFM, de l’application Staying Alive (du
nom de la chanson des Bee Gees qui donne le bon rythme du massage
cardiaque). L’application, disponible depuis 2016, indique à tout
moment à son utilisateur le défibrillateur automatique externe
(DAE) le plus proche. Elle lui permet également, s’il est formé aux
premiers secours, de s’enregistrer comme « Bon Samaritain »
: il sera alors contacté par les services d’urgence si une personne
victime d’un arrêt cardiaque se trouve à proximité de lui.
A long terme, les autorités espèrent que 80 % de la population
française sera formé aux gestes qui sauvent d’ici 10 ans, ce qui
pourrait sauver 3 000 personnes par an.
QH