Le PLFSS définitivement adopté malgré les contestations

Paris, le lundi 5 décembre 2022 – Le PLFSS a été définitivement adopté par l’Assemblée Nationale ce vendredi via la procédure de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution.

In extremis. Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour l’année 2023 a été adopté ce vendredi par l’Assemblée Nationale à la veille de l’expiration du délai de 50 jours prévu par la Constitution. Rarement l’adoption du budget annuel de la Sécurité Sociale aura été aussi chaotique.

Ce mardi, le Sénat avait rejeté le texte sans débat, via l’adoption d’une « motion préalable », pour protester contre le rejet de la quasi-totalité de ses amendements par la majorité présidentielle. Lorsque le texte est revenu devant l’Assemblée Nationale ce mercredi, la Première Ministre Elisabeth Borne a immédiatement et avant tout débat dégainé l’arme de l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, permettant l’adoption du texte sans vote. Dans une chorégraphie désormais bien huilée, puisqu’il s’agit de la septième utilisation de l’article 49.3 par l’exécutif en seulement six semaines, les députés de la Nupes ont déposé une motion de censure en réponse. Le rejet assez net de cette motion ce vendredi (87 voix pour sur les 288 nécessaire) vaut adoption du PLFSS.

Le coup de rabot budgétaire sur la biologie médicale maintenu


Si le gouvernement avait au départ misé sur un déficit de la Sécurité Sociale de 17,8 milliards d’euros en 2022, il a finalement dû revoir ses projections après que le Parlement ait accordé 543 millions d’euros de rallonge aux hôpitaux pour faire face aux épidémies de bronchiolite et de Covid-19. Le déficit est ainsi fixé à 18,9 milliards pour 2022, avec un objectif très optimiste de 7,1 milliards de déficit pour 2021.

Le PLFSS contient de nombreuses mesures relativement consensuelles, tels que la mise en place de consultations de prévention à divers âges de la vie, la hausse de la fiscalité anti-tabac, le renforcement de la lutte contre la fraude sociale, la gratuité de la contraception d’urgence ou l’extension des compétences vaccinales des professions paramédicales. D’autres dispositions sont en revanche bien plus controversées. La création d’une quatrième année d’internat de médecine générale, à mener en priorité (mais non obligatoirement) dans les zones sous-dense figure ainsi toujours dans le texte. Très décriée par les syndicats de jeunes médecins, cette mesure est à l’origine de nombreuses manifestations et grèves d’internes depuis début octobre, qui devraient se poursuivre en décembre.

Autre décision très controversée, celle de réaliser un coup de rabot financier conséquent sur les dépenses de biologie médicale. Les tarifs courant (hors Covid) de biologie vont ainsi diminuer dès 2023, pour une baisse de 250 millions d’euros et le gouvernement ne se cache pas de vouloir faire 1,2 milliards d’euros d’économie d’ici 2026. Une mesure qui a provoqué la colère des biologistes médicaux privés, qui sont en grève depuis jeudi dernier.

Exonération de cotisations retraite…mais gel des pensions


Enfin, le PLFSS adopté ce vendredi prévoit bien d’exonérer de cotisations retraite les médecins libéraux en situation de cumul emploi-retraite. La mesure, initialement proposé par le Pr Philippe Juvin, député des Hauts-de-Seine, ne s’appliquera qu’en 2023 et seulement pour les médecins dont le revenu est inférieur à un montant qui sera fixé ultérieurement par décret. L’amendement du Sénat visant à étendre la mesure à l’ensemble des professionnels de santé, n’a pas été retenu par le gouvernement.

Une bonne nouvelle pour les médecins en cumul emploi retraite rapidement gâchée par la décision de la caisse autonome de retraite des médecins français (Carmf) de supprimer la hausse de 4,8 % de la valeur du point de régime complémentaire prévu pour le 1er janvier prochain. Selon le Dr Thierry Lardenois, président de la Carmf, l’exonération de cotisations pour les médecins retraités représente un manque à gagner de 73 millions d’euros pour la Carmf. En l’absence de compensation prévu par le gouvernement, le gel des pensions s’imposait selon lui.

Une justification financière battu en brèche par la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui rappelle que la Carmf dispose de 5,6 milliards d’euros de réserve et l’accuse de « réduire le pouvoir d’achat » des médecins retraités.

Grégoire Griffard

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Vos réactions (1)

  • Retraite

    Le 11 décembre 2022

    Retraité de la CARMF depuis l'âge de 74 ans, je touche 14 ans plus tard une retraite un peu inférieure à son montant initial, avant prélèvements et sans tenir compte de l'érosion monétaire. L'absence de toute revalorisation pose un problème qui commence à devenir préoccupant. L'exonération pour les confrères en cumul emploi retraite est encore une mesure inutile et démagogique du gouvernement qui ne poussera pas davantage de confrères à retarder leur cessation d'activité. Quant à la CARMF, elle pourrait distribuer une partie de ses réserves avant que celles ci ne tombent dans l'escarcelle du régime général.

    Dr J Trad

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