Le rapport du GIEC souligne les conséquences sanitaires catastrophiques du réchauffement climatique
Paris, le mardi 10 août 2021 - C’est un « code rouge »
pour l’humanité. Pour résumer les conclusions du dernier rapport du
Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat
(GIEC), le Secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres
n’hésite pas à reprendre une terminologie utilisée dans les
services d’urgences Outre-Atlantique.
L’état des lieux alarmant dressé par le groupe donne bien plus que
le vertige. Il permet notamment de mesurer le caractère préoccupant
du réchauffement climatique en matière sanitaire.
Le risque du point de non-retour
Ce rapport du groupe de travail 1 du GIEC, une instance
intégrée à l’Organisation des Nations unies, constitue l’évaluation
la plus à jour des connaissances sur les bases physiques du
changement climatique, huit ans après le précédent rapport
similaire, publié en 2013. Il a été rédigé par 234 scientifiques de
66 pays, à partir de l’analyse de plus de 14 000 études
scientifiques.
Les membres du Giec commencent par rappeler le constat suivant
: « La température globale sur la surface de la Terre était plus
chaude de 1,09°C entre 2011 et 2020 qu'elle ne l'était entre 1850
et 1900, avec une hausse plus importante au niveau des terres
(1,59°C) qu'au niveau des océans (0,88°C). »
Une hausse des températures qui a eu pour conséquence une élévation
inédite du niveau de la mer de plus de 20 centimètres entre 1901 et
2018. Les conséquences du dérèglement climatique seraient
malheureusement d’ores et déjà visibles. « Certaines chaleurs
extrêmes au cours de la dernière décennie auraient été extrêmement
improbables sans l'influence de l'activité humaine sur le système
climatique », note par exemple le rapport. « Chaque 0,5°C
additionnel cause, de manière bien visible, une intensification et
une augmentation de la fréquence des extrêmes chaleurs (...), des
fortes précipitations tout comme des sécheresses » précise
encore le document.
Des conséquences concrètes pour l’agriculture
La multiplication des évènements climatiques constitue une
alerte pour la planète mais aussi pour les systèmes de santé. Le
réchauffement continuera d’accroître les canicules et les saisons
chaudes, tout en diminuant les vagues de froid. Dans un monde à + 2
°C, les températures extrêmes atteindront plus souvent les seuils
de tolérance pour la santé et l’agriculture (disparition de
certaines terres cultivables).
Dans son résumé à destination des décideurs politiques, les
experts du GIEC prévoient notamment une augmentation des
sécheresses agricoles sur tous les continents, faisant progresser
le risque de malnutrition, plus particulièrement sur le continent
africain. En affectant les récoltes, en particulier de riz et de
céréales, les sécheresses vont également priver des millions de
producteurs de sources de revenus et des millions de personnes de
leur principal aliment.
Au total, jusqu'à 80 millions de personnes supplémentaires
seront menacées par la faim d'ici à 2050, et plus de 10 millions de
cas supplémentaires de malnutrition ou de rachitisme infantile sont
attendus en Afrique ou en Asie d'ici à 2050.
Dans son projet de rapport délivré en juin dernier, le GIEC avait
déjà insisté sur la menace d’effondrement qui pesait sur « les
trois piliers de la santé » : la nourriture, l’accès à l’eau et à
un logement.
Augmentation de la pollution et donc des décès
Autre point crucial, la diminution de l’émission des gaz à effets
de serre devient un impératif pour limiter le nombre de décès liés
à la pollution à travers le monde. Une conclusion qui intervient
quelques jours après la condamnation de la France par le Conseil
d’État à payer 10 millions d’euros d’amende pour ne pas avoir
renforcé suffisamment son dispositif contre la pollution de
l'air.
Agir ou se décourager ?
L’espoir n’est pas tout à fait perdu, mais la fenêtre de tir
est mince. Voici comment on pourrait résumer le message délicat du
GIEC afin d’éviter tout découragement face à un tableau alarmiste.
Pour le scientifique suédois Johan Rockström, interrogé dans Le
Monde, « un réchauffement de 1,5 °C par rapport à l’ère
préindustrielle [l’un des objectifs de l’accord de Paris de 2015]
entraînerait de nombreux événements extrêmes, des défis majeurs
pour de nombreuses économies et sociétés humaines, pour les récifs
coralliens et les océans, mais serait très probablement gérable.
C’est si nous dépassons 2 °C de réchauffement que nous risquons de
franchir des points de basculement ».
Dans un communiqué, la ministre de la Transition écologique Barbara
Pompili affirme qu'à la lecture de ce document, « la ligne est
claire : appliquer pleinement et partout l'Accord de Paris. A la
fois pour réduire les émissions mondiales de gaz à effet de serre
et nous adapter à des évènements climatiques de plus en plus
extrêmes ». Toutefois, de nombreux observateurs (y compris le
Conseil d’État) ont souligné que la Loi Climat récemment votée au
prix d’un accord a minima avec le Sénat, ne permettra pas de
remplir entièrement les objectifs en matière de réduction des gaz à
effet de serre.
Le rapport est plein d’affirmations plus vagues les unes que les autres et n’aborde pas les vrais sujets : la prévalence écrasante de l’électricité d’origine thermique dans certaines régions comme l’Amérique du Nord, la Chine, l’Allemagne… et la surpopulation débridée des pays du tiers monde. Et c’est sans même évoquer la culture sur brûlis, les gigantesques incendies… Bref, du politiquement correct à destination de ceux qui ne veulent entendre que ça.
Dr A. Marquand
Où sont les soignants ?
Le 10 août 2021
Plus d'un million de soignant(e)s en France... Imaginez la puissance d'un mouvement citoyen de professionnels de santé défendant le droit aux générations futures de vivre dans un monde habitable.... Mais je rêve. Nous restons hospitalo-centrés sur le curatif et attendons joyeusement le cortège des catastrophes sanitaires à venir. Soignant(e)s réveillons nous !
P. Perrin
@Dr A. Marquand
Le 16 août 2021
Belle illustration de l'effet Dunning-Kruger. Après 60 millions de virologistes et d'épidémiologistes, 60 millions de climatologues. Où allons nous loger tout ce monde là. J.Sartre