
Londres, le dimanche 31 mai – Avec plus de 38 000 morts, le
Royaume-Uni est le pays européen le plus endeuillé par l’épidémie
et ne connait pas une accalmie similaire à celle des autres états
de la région.
Tandis que la vie reprend peu à peu ses droits partout en
Europe, avec la réouverture des parcs, des bars et des musées, le
Royaume-Uni est toujours plongé dans le marasme du confinement.
Dernier grand pays européen à avoir adopté des mesures strictes de
distanciation sociale, le pays sera aussi le dernier à les
abandonner. Ce lundi, le Royaume-Uni entamera un timide
déconfinement avec l’autorisation des rassemblements jusqu’à six
personnes et la réouverture des écoles. Autre décision importante,
le championnat de football reprendra le 17 juin prochain mais à
huis clos.
Un début de retour à la normale accueilli avec circonspection
par les experts. Plusieurs membres du comité scientifique qui
conseille le gouvernement ont jugé ce déconfinement prématuré et
dangereux. Il faut dire que le pays présente des chiffres encore
inquiétants par apport à ses voisins européens. Le Royaume-Uni
déplore ainsi encore près de 300 morts par jour et près de 8 000
contaminations quotidiennes pour la seule Angleterre. Selon le
Financial Times, la Grande-Bretagne a également la
surmortalité totale la plus élevé du monde : le bilan réel de
l’épidémie pourrait ainsi s’élever à 50 000 victimes.
Le virus de la division au Royaume-Uni
L’opposition travailliste ne s’est pas fait prier pour
reprendre les cris d’alarmes des experts scientifiques et critiquer
la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement conservateur.
Après plusieurs semaines d’union nationale, favorisé notamment par
son hospitalisation, le Premier Ministre Boris Johnson doit
maintenant faire face à des attaques venues de toute part. Il a
ainsi été fortement critiqué ces derniers jours pour avoir soutenu
son bras droit Dominic Cummings, pris en flagrant délit de
violation du confinement à plusieurs reprises.
La crise sanitaire a également renforcé la division entre les
quatre nations du Royaume-Uni, puisque l’Ecosse, le Pays de Galles
et l’Irlande du Nord ont décidé, depuis une quinzaine de jours, de
mener leur propre politique de lutte contre l’épidémie, sans suivre
les recommandations de Londres. Le déconfinement tardif risque
également de renforcer l’isolement d’Albion au sein de l’Europe : à
partir du 8 juin, les autorités britanniques imposeront une
quarantaine à tous les voyageurs étrangers, avec le risque que les
autres pays prennent des mesures de réciprocité.
L’Europe du Sud espère le retour des touristes
Situation tout autre dans le sud de l’Europe, qui espère
pouvoir vivre cet été une saison touristique presque normale.
L’Espagne, qui annonçait il y a encore quelques jours vouloir
imposer une quarantaine aux voyageurs étrangers, a désormais
totalement changé de cap et dit espérer pouvoir accueillir des
touristes européens dès la fin du mois de juin. La Grèce va quant à
elle rétablir ses liaisons aériennes avec les autres pays européens
dès le 15 juin.
En Italie, on se prépare également en rouvrant les grands
monuments historiques. Après la tour de Pise samedi, c’est le
célèbre Colisée de Rome qui accueillera à nouveau du public ce
lundi. Le 3 juin, les voyages entre les régions italiennes seront à
nouveaux autorisés. Une décision qui n’est pas sans créer
l’inquiétude des Italiens du sud, relativement épargné par
l’épidémie, qui craignent que leurs compatriotes venus du nord ne
viennent propager le virus. « Il serait raisonnable que les
territoires présentant un grand nombre de malades aient des
limitations de mobilité » a ainsi déclaré le président de la
région Campanie, provoquant la polémique.
Q.H.