Paris, le jeudi 4 août 2022 – Auditionné à l’Assemblée nationale ce 2 août et en visite au CHU de Nantes, hier, le ministre de la santé s’est livré à une sorte de service après-vente de sa mission flash.
Passé à la question par la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, le locataire de l’avenue de Ségur a martelé une nouvelle fois « 30 à 40 % des patients se présentant aux urgences pourraient être pris en charge autrement, en immense majorité par la médecine de ville. Si, demain, on diminue de 40 % les entrées aux urgences, croyez-moi que ça va faire du bien aux urgentistes ! ».
Il a donc plaidé à nouveau pour la solution de la régulation médicale systématique tout en réfutant le terme de tri. « Il faut arrêter avec ce terme qui est tout le temps utilisé et qui fait peur » et plutôt parler « d’accès régulé vers les services d'urgences » (on admirera la nuance sémantique).
Toujours sur les soins non programmés et la permanence des soins, il a estimé que « la pénibilité du travail de nuit, le week-end, ne peut plus reposer que sur le service public » tout en bottant en touche sur le retour de l'obligation de garde pour les libéraux.
La catastrophe n’a pas encore eu lieu
En déplacement à Nantes, le Dr François Braun a affirmé que le système de santé était en train de parvenir à surmonter les difficultés de l’été : « Il n'y a pas de fermetures d'urgences », a-t-il assuré. « Cette régulation n'apporte pas une dégradation des soins comme je peux l'entendre, mais au contraire une meilleure orientation des patients en fonction des besoins » a encore défendu le ministre.
Les confrères de son ancien Syndicat, SAMU-UDF ne semblent pas tout à fait partager son optimisme, alors que 9 services d'urgences sur 10 font face à un manque de personnel selon l’organisation.
« Le plus dur est à venir » prévient dans Les Echos Louis Soulat, patron des urgences du CHU de Rennes et porte-parole du syndicat qui prédit une situation « très compliquée vers la mi-août » en raison d’un taux de fermeture de lits d’hospitalisation exceptionnellement haut de 25 %.
« C'est deux fois plus que les autres années », détaille-t-il, évoquant « l'été le plus difficile jamais connu » en trente ans de service.
Régulation à l’installation : toujours pas tabou, mais une solution de facilité
La commission a aussi interrogé le locataire de l’avenue de Ségur sur la régulation à l’installation ou les délégations de tâches.
L’ancien patron du syndicat SAMU-UDF a de nouveau estimé que les contraintes à l’installation n’étaient pas un « sujet tabou et qu'il ne sera pas tabou dans le cadre des discussions ». Il a néanmoins appelé à « éviter les décisions précipitées » (après des décennies de débat !) et à se méfier « des solutions faciles ».
Les délégations de tâches, qui seront également à l’ordre du jour des discussions de septembre, ne semblent pas, là encore, être tout à fait la tasse de thé du Dr Braun qui a prévenu que toute nouvelle délégation ou transfert de compétences devrait respecter « les règles de la science » pour éviter les « pertes de chance pour les patients ».
En revanche, marchant dans les pas de ses prédécesseurs,
François Braun a plaidé pour le développement des assistants
médicaux « qui permettent au médecin d’augmenter sa clientèle
de 10 % » et a promis de « diminuer les tâches
administratives » sans en dire plus sur les moyens pour
arriver à ce tour de force.
F.H.