
Paris, le jeudi 1er septembre 2022 - Quand en janvier le chanteur Stromae a évoqué publiquement sa dépression, thème de sa chanson l’Enfer, plusieurs associations luttant pour la prévention du suicide l’ont félicité.
Le Programme Papageno, qui se consacre notamment à la façon dont la question du « suicide » est abordée dans la sphère médiatique, avait salué la prise de parole de l’artiste.
On ne connaît pas la chanson
Cette intervention de Stromae a également marqué l’association Soins aux professionnels de santé (SPS), qui dans son communiqué de presse du 24 août présentant sa nouvelle campagne dédiée à la prévention du suicide des soignants, fait référence en introduction au chanteur.
« J’ai parfois eu des pensées suicidaires… On croit parfois que c’est la seule manière de les faire taire… Ces pensées qui nous font vivre un enfer ».
Dans sa chanson l’Enfer, le chanteur Stromae évoque clairement ses pensées suicidaires. L’écho des paroles résonne fort, jusqu’à toucher tous ceux, directement concernés ou non, qui les écoutent. Une façon bénéfique d’aborder le suicide, de lui donner de la visibilité, de briser le tabou qui l’entoure » explique l’association SPS.
Pourtant, si l’on en croit le programme Papageno, SPS est loin d’avoir su s’inscrire dans cette dynamique.
Une violence contre-productive
Nous avons évoqué hier le clip choc proposé par SPS, qui met en scène des soignants épuisés passant à l’acte. Cette lumière très crue sur les idées suicidaires est loin d’avoir été appréciée par le programme Papageno qui sur Twitter s’interroge : « Pour toutes les raisons qui font l’essence même de notre action, nous invitons à ne pas relayer le spot (…) De nombreux soignants pourraient être affectés par son visionnage ».
L’organisation considère que les images pourraient être contre productives. Plusieurs psychiatres ont abondé dans le sens de Papageno sur le réseau social, l’un deux déplorant « l’émotion négative brutale et violente en totale contradiction avec le message positif de prévention ».
Bad buzz ?
Tout à leur dénonciation de la forme, d’aucuns ont voulu soupçonner une intention cachée de l’association, un désir de créer volontairement la polémique pour accroître le nombre d’appels. Si de fait, l’organisation souhaite probablement effectivement inciter les soignants en détresse à contacter sa plateforme, la référence à Stromae semble témoigner de sa « bonne volonté », de son désir de trouver la meilleure façon d’interpeller.
D’ailleurs, le président de SPS, le Dr Henry défend son
initiative et dénonce « l’immobilisme » de certains. Il
n’est pas impossible que la prévention du suicide des soignants (et
de tous) gagnerait plus certainement en une union des forces que
dans ces dissensions et procès d’intention.
L.C.