Le statut des récepteurs hormonaux d'un second cancer du sein n'est pas prédit par celui du premier

Un traitement de 5 ans par le tamoxifène (TMX) réduit de 45 % le risque de cancer du sein controlatéral, mais ce bénéfice est essentiellement réservé aux malades dont le cancer initial possédait des récepteurs oestrogéniques (ER), sans que l'on puisse vraiment expliquer pourquoi. G Arpino et coll. ont soulevé l'hypothèse que ceci pourrait être lié au fait que le statut en récepteurs d'un second cancer sur le sein controlatéral est le même que celui du premier cancer.

Pour le vérifier, ils ont repris les dossiers de 193 malades ayant présenté un cancer bilatéral synchrone ou métachrone, et chez lesquelles avaient été recherchés les ER et, pour 178 d'entre elles, les récepteurs progestéroniques (PR) ; la grande majorité des cancers (KS) étaient des carcinomes canalaires invasifs (mais il est vrai que, jusqu'à une date récente, on ne dosait pas les récepteurs dans les KS in situ).

Parmi ces 193 patientes, 126 n'ont reçu aucun traitement adjuvant, 34 du TMX (seul ou associé à une chimiothérapie -CT-) et 33 une CT. L'âge moyen au moment des premiers cancers était de 62 ans vs 65 ans pour les cancers controlatéraux. Le taux des ER + et des PR + étaient respectivement de 79 et 59 % pour les premiers cancers et de 73 et 52 % pour les seconds cancers controlatéraux. Le délai entre les deux cancers n'a pas paru avoir de rôle sur la modification du statut hormonal.

La grande majorité des 126 malades n'ayant pas reçu de traitement adjuvant avaient des ER + au niveau du second cancer, quel qu'eût été le statut hormonal du premier. En revanche, pour les patientes ayant pris du tamoxifène, le second cancer était dans une même proportion ER + (47 %) ou ER- (53 %). Les mêmes constatations ont été faites pour les PR : dans le groupe non traité, on retrouve une majorité de PR + dans le deuxième cancer, quel qu'ait été le statut du 1er cancer alors que, après TMX, 50 % des patientes PR+ et 27 % des patientes PR- lors du 1er cancer ont développé un second cancer PR + dans le cancer controlatéral.

Les récepteurs hormonaux de la 1ère tumeur ne permettent donc pas de prédire le statut hormonal de la suivante ; d'autres raisons doivent donc être recherchées pour expliquer l'inefficacité du tamoxifène à réduire le risque de cancer controlatéral chez les patientes atteintes d'un premier cancer du sein sans récepteurs hormonaux.

Dr Jean-Fred Warlin


Arpino G et coll. : "Hormone receptor status of a controlateral breast cancer is independent of the receptor status of the first primary in patients not receiving adjuvant tamoxifen". J Clin Oncol., 2005 ;23(21) : 4687-94. © Copyright 2005 http://www.jim.fr

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article