L’électrorétinographie en psychiatrie ou la maladie mentale au fond des yeux

Dans un contexte où la recherche de biomarqueurs objectifs vise à faciliter une « évaluation rapide et précise » des maladies mentales, l’électrorétinogramme[1] constitue un test non invasif mesurant l’activité électrique engendrée par les cellules neuronales et non neuronales de la rétine.

Proposé bien sûr essentiellement par les ophtalmologistes[2], cet examen pourrait toutefois présenter aussi quelque utilité dans l’aide au diagnostic ou pour le suivi de certaines affections psychiatriques, selon une équipe d’Hamilton (au Canada). Consacrant une revue systématique de la littérature médicale à ce thème novateur de l’intérêt éventuel de l’électrorétinographie en psychiatrie, les auteurs ont ainsi croisé les mots-clefs « électrorétinogramme » et « électrorétinographie » avec le terme « psychiatrie », puis retenu finalement cinquante articles en rapport avec leurs critères d’éligibilité.

Du sevrage de cocaïne à la schizophrénie en passant par la dépression

Ils estiment que l’électrorétinogramme a déjà montré son utilité dans diverses problématiques psychiatriques : le sevrage de la cocaïne (réduction de la réponse de l’onde b adaptée à la lumière), le trouble dépressif majeur (gain de contraste réduit dans la forme de l’électrorétinogramme ) et la schizophrénie (réduction des amplitudes des ondes a et b). Cette étude examine aussi l’applicabilité éventuelle de l’électrorétinographie dans d’autres situations : les addictions, la maladie d’Alzheimer, les troubles du spectre autistique, les troubles du comportement alimentaire, les troubles déficitaires de l’attention avec hyperactivité...

Mais malgré certains « résultats prometteurs », les recherches actuelles dans ce domaine souffrent encore d’un manque de spécificité, indiquent les auteurs. Aussi des recherches plus approfondies sont-elles nécessaires, en particulier pour quantifier les anomalies de l’électrorétinogramme présentes dans les maladies mentales.

[1] https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lectror%C3%A9tinogramme
[2] https://www.sfo.asso.fr/files/files//FICHE-INFO-PATIENT_/61_Examen_electrophysiologique_de_l_oeil.pdf

Dr Alain Cohen

Référence
Peter Youssef & coll.: Electroretinography in psychiatry. A systematic literature review. European Psychiatry, 2019; 62: 97–106.

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Vos réactions (2)

  • ELectroretinographie et Psychiatrie

    Le 22 janvier 2020

    Il faut rester sérieux, que l'activité électrique rétinienne soit un reflet du métabolisme des cellules rétiniennes est une évidence. Cette dernière est le résultats de multiples facteurs non indépendants, non linéaires et non ergodiques certainement. Que l'on retrouve des modifications dans diverses pathologies (souvent traitées par ailleurs) est vraisemblable et normal.
    Vouloir tenter d'utiliser ces données en diagnostic, c'est vouloir résoudre le problème inverse: A partir du "signal de sortie" , connaître ce qu'il y avait initialement à l'entrée.
    Depuis Voltaire , (pensée sur l'horloge de la cathédrale de Strasbourg) on sait que c'est impossible, ou plutôt qu'il y a une infinité de solutions et que vouloir en faire un test diagnostic est impossible. Merci de nous présenter cet interessant travail (au plan fondamental), un caillou de plus dans l'univers des connaissances. Mais de grâce, n'en faites pas un signe objectif à l'usage de la clinique. (Un peu plus de bons sens, et ne donnez pas à manger aux robots sous le couvert de Scientisme. Halte au Barbarisme à visage humain. Place à la sagesse de la clinique, à l'incertitude à Visage humain). Relire la fin des certitudes du Nobel Prigogine.

    Dr Gérard Kaphan

  • Il faut savoir pour prévoir

    Le 22 janvier 2020

    Je suis tout a fait en accord avec le Dr Kaphan.Je pense néanmoins qu'une autre référence que Prigogine aurait été preferable.
    Henri Poincaré par exemple.

    Dr YD

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