
Les AOD sont des inhibiteurs directs des enzymes de la coagulation : le dabigatran inhibe le Facteur IIa, tandis que le rivaroxaban, l’apixaban et l’edoxaban inhibent le Facteur Xa. Il a été démontré que les AOD étaient aussi efficaces que les AVK avec un meilleur profil vis à vis du risque hémorragique. Cependant, certaines publications récentes ont attiré l’attention sur la possible hépatotoxicité des AOD.
Douros et coll. ont tenté de déterminer, chez des patients ayant une FA non liée à une valvulopathie et indemnes ou non d’une affection hépatique, si la prise d’AOD était associé à une augmentation du risque d’altérations graves de la fonction hépatique par rapport à la prise d’ AVK.
L’étude a été menée à partir de la base de données de la compagnie d’assurance de santé de la province du Québec au Canada. Elle a ainsi porté sur la cohorte de patients chez qui on avait diagnostiqué, entre 2011 et 2014, une FA non liée à une valvulopathie et qui avaient ou non une altération de leur fonction hépatique.
Pas plus de risque d’altérations graves de la fonction hépatique qu’avec les AVK
L’analyse a porté sur 51 887 patients, dont 3 778 avaient antérieurement une affection hépatique.Au cours d’un suivi de 68 739 personne-années, 585 patients ont présenté une altération grave de la fonction hépatique, définie comme une altération nécessitant une hospitalisation ou associée à un décès.
Comparé à la prise régulière d’AVK, l’utilisation d’AOD ne s’est pas accompagnée d’une augmentation du risque d’altération grave des fonctions hépatiques, aussi bien chez les patients indemnes de toute maladie hépatique que chez ceux qui avaient une maladie hépatique antérieurement à la prise d’AOD (respectivement, Hazard Ratio [HR] ajusté 0,99 ; intervalle de confiance [IC] 95 % : 0,68 à 1,45 et HR ajusté 0,68 ; IC 95 % : 0,33 à 1,37).
Ainsi, si l’on compare à la prise d’AVK, la mise sous AOD de patients présentant une FA non liée à une valvulopathie ne s’est pas trouvée associée à une augmentation du risque de survenue d’altérations graves de la fonction hépatique quel qu’ait été l’état hépatique antérieur à la mise sous AOD. Ces données rassurent quant à la sécurité de l’emploi des AOD vis-à-vis des fonctions hépatiques.
Dr Robert Haïat