Les psychiatres hospitaliers se mettent (eux aussi) en grève

Paris, le mardi 29 novembre 2022 – Les principaux syndicats de la psychiatrie hospitalière ont appelé à la grève ce mardi pour alerter sur une « crise sans précédent ».

Alors que médecins libéraux et biologistes médicaux se mettront en grève à compter de ce jeudi et que les internes continuent leur mobilisation contre le projet de création d’une quatrième année d’internat de médecine générale, les psychiatres hospitaliers tiennent eux aussi à faire part aux autorités de leurs difficultés. Ce mardi, ils sont ainsi invités à se mettre en grève par quatre de leurs syndicats (SPH, USP, SPEP et IDEPP) pour dénoncer l’apathie des autorités de tutelle face à « la crise sans précédent que traverse la discipline psychiatrique » peut-on lire dans le communiqué commun des quatre organisations syndicales.

Les psychiatres hospitaliers doivent ainsi se rassembler devant le ministère de la Santé à Paris et, en province, en face des sièges des Agences Régionales de Santé (ARS) ou des hôpitaux. Il s’agit du deuxième mouvement de protestation des psychiatres en moins de six mois, après la grève très suivie du 28 juin dernier. L’intersyndicat national des praticiens hospitaliers (INPH) et la Coordination nationale des comités des hôpitaux soutiennent le mouvement.

30 % de postes vacants dans le public


Les difficultés rencontrées par les services de psychiatrie hospitalière sont bien connues et malheureusement anciennes : un « manque criant de lits d’hospitalisation complète et des fermetures régulières de centres médico-phycologiques (CMP) » écrivent les syndicats, dus notamment à une pénurie d’effectifs que ce soit chez les médecins ou les infirmiers, « qui touche aujourd’hui cinq établissements sur six ».

On estime ainsi que 30 % des postes de psychiatres sont vacants dans le public. Conséquence, les conditions de travail se dégradent, la spécialité attire de moins en moins de jeunes médecins, favorisant ainsi les suppressions de lits, dans un cercle vicieux commun à tout l’hôpital public. « Nous n’avons plus la capacité de soigner comme on voudrait » résume le Dr Norbert Skurnik, président de l’intersyndicale de défense de la psychiatrie publique (Idepp).

La situation est particulièrement critique pour la pédopsychiatrie, qui doit en plus gérer les conséquences néfastes des mesures sanitaires prises ces deux dernières années sur la santé mentale des adolescents. Dans une tribune publiée ce jeudi dans le journal Le Monde, le collectif Pédopsy 93, qui regroupe les pédopsychiatres exerçant dans les CMP de Seine-Saint-Denis, explique devoir faire le tri des patients, faute de places dans des structures spécialisés.

Dans les services de prise en charge de l’autisme, les auteurs de la tribune estiment ainsi qu’il n'y a qu’une place pour sept enfants. « Admettrait-on qu’une seule chimiothérapie disponible oblige à choisir entre trois enfants cancéreux ? » s’insurge les pédopsychiatres.

Améliorer l’attractivité de la psychiatrie hospitalière, la priorité selon les syndicats


Les assises de la santé mentale et de la psychiatrie organisées en septembre 2021 avaient pourtant créé un élan d’espoir chez les psychiatres. Le Président de la République en personne avait annoncé une série de mesures pour sortir la spécialité de l’ornière, dont notamment la création de 800 postes dans les CMP et 1,9 milliard d’euros d’investissement dès 2022.

Mais l’espoir a été de courte durée pour les psychiatres, qui estiment que ces engagements ne constituent qu’un « petit pas » selon les termes du Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH, par rapport à l’ampleur de la crise traversée par le secteur. Pour tous les syndicats, la priorité est d’améliorer l’attractivité de la psychiatrie hospitalière. Le Dr Surnik préconise ainsi une augmentation de 20 à 25 % des salaires des praticiens.

Au-delà, les psychiatres constatent avec amertume que le dialogue avec les autorités de tutelle est rompu depuis plusieurs mois. « Il y a nécessité que les pouvoirs publics reprennent le dialogue social avec les psychiatres » lance le Dr Bocher. Sans cela, une nouvelle grève pourrait survenir dans quelques mois, avec toujours le même constat et les mêmes revendications.

Grégoire Griffard

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