Paris, le mercredi 31 août 2022 – L’été a été marqué par une
forte hausse des appels au 15, mettant certains services sous forte
tension.
L’été s’est bien passé et « la catastrophe annoncée ne s’est pas
produite ». C’est en substance le principal message que le ministre
de la Santé François Braun entendait faire passer dans l’interview
qu’il a accordée à nos confrères du Quotidien du Médecin ce mardi.
L’ancien urgentiste a défendu les différentes mesures mises en
place dans le cadre de sa mission flash pour empêcher une
saturation des services d’urgences durant l’été et notamment la
recommandation faite aux Français d’appeler le 15 au lieu de se
rendre immédiatement aux urgences. « Ce message est passé, il y a
eu une augmentation des appels aux Samu centre 15 de l’ordre de 20
%, même si cette croissance s’observait déjà depuis le début de
l’année » constate le ministre.
Hausse d’activité et manque d’effectifs
Problème, l’augmentation des appels et de l’activité du SAMU
n’a le plus souvent pas été suivie d’une hausse des effectifs.
Environ 10 % des postes d’assistant de régulation médicale (ARM)
sont vacants et la volonté affichée du gouvernement fin juin
d’engager de nouveaux effectifs n’a évidemment pas eu le temps de
prendre forme cet été. Malgré l’arrivée en renforts dans certains
centres d’appels d’étudiants en médecine engagés en CDD et formés à
la va-vite (5 jours seulement), certains services du SAMU ont eu du
mal à faire face à tous les appels.
C’est le cas notamment du SAMU de la Gironde, qui a connu une
augmentation du nombre d’appels d’environ 10 % durant l’été. Selon
le syndicat Sud Santé sociaux du CHU de Bordeaux, la hausse
d’activité du SAMU a entrainé des délais de décrochés de plusieurs
minutes et des réponses médicales « qui peuvent atteindre l’heure
d’attente ». Il faut dire que le centre d’appels était fragilisé
par la fermeture partielle des urgences du CHU de Bordeaux et par
le fait que 20 % des postes d’ARM sont vacants, en raison de
difficultés de recrutement. Conséquence, certains ARM devaient
parfois travailler « près de 80 heures par semaine » selon le
syndicat et « de nombreux agents sont en arrêt ou envisagent de
démissionner ».
Mettre à niveau les effectifs, une priorité
Constat plus nuancé du côté du SAMU de la Loire-Atlantique. Ici,
l’activité a bondi de 30 % par rapport aux années précédentes avec
un pic autour du 14 juillet. Malgré l’arrivée en renfort
d’étudiants en médecine, le Dr Joel Jenvrin, responsable médical du
SAMU, estime qu’il faudrait au moins cinq ARM supplémentaires pour
faire tourner le service correctement. Mais malgré cela, il note
que « 90 % des appels sont décrochés dans la minute » et que son
service n'a « jamais été en difficulté sur la prise en charge des
urgences vitales ».
Même constat nuancé du côté du SAMU de la Dordogne. Certes le
médecin responsable, le Dr Jean-Paul Lorendeau, n’a constaté «
aucun événement indésirable grave » et note que le délai de
décroché est de l’ordre de 80 secondes, ce qui est « plutôt pas mal
». Mais, comme ses confrères d’autres service, le praticien déplore
le manque d’effectifs et l’épuisement de ses équipes. « Certains
ont dû revenir de congés pour pouvoir faire face à cette vague
d’appels énorme » constate le médecin, qui défend tout de même la
politique du ministre de la Santé, « une lueur d’espoir qui ouvre
la porte à beaucoup de changements pour améliorer notre système de
santé » selon lui.
Dans le rapport issu de sa mission flash, le Dr François Braun, qui
n’était alors pas encore entré au gouvernement, préconisait de
financer « la mise au niveau des effectifs des SAMU » ce qui
correspondait à l’embauche d’entre 250 et 300 ARM équivalents temps
plein au niveau national. Il faudra sans doute en passer par là
pour faire de la régulation par le 15 un outil pérenne et
performant.
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