
L’étude en double aveugle en groupes parallèles a concerné 156 patients externes adultes avec scores Mayo Clinic modifiés (SMC) incluant : fréquence des selles, saignement rectal et résultats de l'endoscopie. 1 mg d'étrasimod (n = 52), 2 mg d'étrasimod (n = 50) ou un placebo (n = 54) ont été prescrits par voie orale pendant 12 semaines. L'étude a été réalisée d’octobre 2015 à février 2018 dans 87 centres et 17 pays. Le critère d'évaluation principal était une augmentation de l'amélioration moyenne du score SMC modifié entre S0 et S12. Les critères de jugement secondaires comprenaient la proportion de patients présentant une amélioration endoscopique à la semaine 12. Il en ressort que le groupe étrasimod 2 mg a satisfait aux critères d'évaluation primaires et secondaires par rapport au placebo à la semaine 12. Le traitement par étrasimod semble sûr et bien toléré dans la population étudiée. Moins de 10 % des patients ont abandonné dans les deux bras de traitement, principalement en raison de l’absence d’efficacité.
Cette étude robuste est prometteuse et ouvre la voie à des
médicaments différents des anti-TNF, anti-intégrines et
anti-interleukines, administrés par voie IV ou SC et souvent
associés aux immuno-supresseurs pour prévenir l’apparition
d’anticorps. Rappelons que ces derniers présentent une perte
d’efficacité au fil du temps (13 à 25 % par an pour les anti-TNF).
A noter que des petites molécules anti-JAK ont déjà ouvert la voie
de traitements oraux non immunogènes et moins coûteux.
Les S1P sont des sphingolipides qui se lient spécifiquement
à 5 récepteurs. Le groupe S1P-récepteur régule la fonction
cardiaque, la perméabilité vasculaire ou la circulation des
lymphocytes. Le fingolimod a été le premier agoniste spécifique
des récepteurs S1P à obtenir en 2010 une AMM dans la sclérose en
plaques. Il a été suivi de l’ozanimod en cours de développement
dans la RCH et la Maladie de Crohn. Les nouveaux modulateurs des
récepteurs de S1P permettent une séquestration des lymphocytes
activés dans les ganglions lymphatiques et réduisent ainsi leur
circulation dans le tractus gastro-intestinal. L’arrivée de
l’étrasimod en phase II conforte l’intérêt médical pour cette
nouvelle approche sachant que les effets secondaires potentiels
(lymphopénie, toxicité cardiaque et leucoencéphalite multifocale
progressive) seront mieux connus par d’autres études au long
cours.
Dr Sylvain Beorchia