L’étrasimod, un nouveau venu dans la RCH

La recherche de nouvelles petites molécules pour traiter la rectocolite hémorragique (RCH) est très active, car le traitement de fond des formes modérées à sévères présente, au fil du temps, un échappement thérapeutique. L’étrasimod (APD334) est un modulateur sélectif des récepteurs de la sphingosine 1-phosphate en développement pour les maladies inflammatoires à médiation immunitaire. Les auteurs ont évalué l'efficacité et l'innocuité de l'étrasimod chez les patients atteints de RCH au cours d’une phase 2 qui correspond à une preuve de concept et à la recherche de la posologie optimale de cette nouvelle molécule.

L’étude en double aveugle en groupes parallèles a concerné 156 patients externes adultes avec scores Mayo Clinic modifiés (SMC) incluant : fréquence des selles, saignement rectal et résultats de l'endoscopie. 1 mg d'étrasimod (n = 52), 2 mg d'étrasimod (n = 50) ou un placebo (n = 54) ont été prescrits par voie orale pendant 12 semaines. L'étude a été réalisée d’octobre 2015 à février 2018 dans 87 centres et 17 pays. Le critère d'évaluation principal était une augmentation de l'amélioration moyenne du score SMC modifié entre S0 et S12. Les critères de jugement secondaires comprenaient la proportion de patients présentant une amélioration endoscopique à la semaine 12. Il en ressort que le groupe étrasimod 2 mg a satisfait aux critères d'évaluation primaires et secondaires par rapport au placebo à la semaine 12. Le traitement par étrasimod semble sûr et bien toléré dans la population étudiée. Moins de 10 % des patients ont abandonné dans les deux bras de traitement, principalement en raison de l’absence d’efficacité.

Cette étude robuste est prometteuse et ouvre la voie à des médicaments différents des anti-TNF, anti-intégrines et anti-interleukines, administrés par voie IV ou SC et souvent associés aux immuno-supresseurs pour prévenir l’apparition d’anticorps. Rappelons que ces derniers présentent une perte d’efficacité au fil du temps (13 à 25 % par an pour les anti-TNF). A noter que des petites molécules anti-JAK ont déjà ouvert la voie de traitements oraux non immunogènes et moins coûteux.

Les S1P sont des sphingolipides qui se lient spécifiquement à 5 récepteurs. Le groupe S1P-récepteur régule la fonction cardiaque, la perméabilité vasculaire ou la circulation des lymphocytes. Le fingolimod a été le premier agoniste spécifique des récepteurs S1P à obtenir en 2010 une AMM dans la sclérose en plaques. Il a été suivi de l’ozanimod en cours de développement dans la RCH et la Maladie de Crohn. Les nouveaux modulateurs des récepteurs de S1P permettent une séquestration des lymphocytes activés dans les ganglions lymphatiques et réduisent ainsi leur circulation dans le tractus gastro-intestinal. L’arrivée de l’étrasimod en phase II conforte l’intérêt médical pour cette nouvelle approche sachant que les effets secondaires potentiels (lymphopénie, toxicité cardiaque et leucoencéphalite multifocale progressive) seront mieux connus par d’autres études au long cours.

Au total, chez les patients porteurs d’une RCH, l'étrasimod 2 mg a entraîné une amélioration significativement plus importante des signes cliniques et endoscopiques par rapport au placebo. Les effets secondaires sont peu nombreux et une phase 3 est attendue.

Dr Sylvain Beorchia

Référence
Andborn WJ et coll. : Efficacy and Safety of Etrasimod in a Phase 2 Randomized Trial of Patients With Ulcerative Colitis. Gastroenterology 2019. Publication avancée en ligne le 8 novembre 2019.

Copyright © http://www.jim.fr

Réagir

Vos réactions

Soyez le premier à réagir !

Les réactions aux articles sont réservées aux professionnels de santé inscrits
Elles ne seront publiées sur le site qu’après modération par la rédaction (avec un délai de quelques heures à 48 heures). Sauf exception, les réactions sont publiées avec la signature de leur auteur.

Réagir à cet article