Lévothyrox : la justice estime que Merck a pleinement satisfait à son devoir d’information

Paris, le mardi 5 mars 2019 – Le tribunal d’instance de Lyon a estimé dans une décision qui vient d’être rendue publique que les laboratoires Merck n’étaient nullement coupables de défaut d’information en ce qui concerne le changement de formulation de composition du Levothyrox au printemps 2017. Dès lors il n’existe  pas de préjudice moral pour les 4 113 plaignants qui ont été déboutés de leur demande. Ils réclamaient 10 000 euros de dommages et intérêts chacun (soit 41 millions d’euros au total !).

Audience grand format

Début décembre, une audience hors norme s’était tenue à Villeurbanne (le tribunal de grande instance de Lyon s’était délocalisé en raison de cette affluence exceptionnelle) : les magistrats avaient à examiner les plaintes pour défaut d’information déposées par 4 113 personnes dans le cadre d’une action collective contre les laboratoires Merck et l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).

Ces plaignants affirmaient non seulement avoir été privés de données essentielles concernant le changement de formulation du médicament mais aussi que ce manque d’information leur avait été préjudiciable (notamment pour comprendre certains effets secondaires potentiellement liés à une nécessaire adaptation à la nouvelle composition).

Règles en vigueur parfaitement respectées en dépit d’un résultat décevant

Cependant, Merck et l’ANSM ont toujours fait valoir qu’ils avaient parfaitement respecté la réglementation et les procédures en vigueur. De fait, une lettre signalant le changement de formule a bien été adressées aux praticiens concernés (100 000 professionnels de santé) ce qui, compte tenu de l’interdiction de communiquer directement auprès des patients, est la méthode préconisée et imposée, même si l’information ainsi transmise aux médecins n’a pas toujours été relayée aux malades. Constatant ce respect du cadre réglementaire, le juge n’a pu que débouter les patients.

Vers d’autres lendemains qui déchantent pour les plaignants ?

Les laboratoires Merck ont rapidement salué cette décision, dont ils estiment qu’elles reflètent l’attitude générale de l’entreprise dans cette affaire. « Merck a toujours entendu l’émotion des patients » précise le directeur de la communication, Constance de Quinsonas, qui ajoute : « Soulignons qu’il ne s’agit pas d’un jugement contre le ressenti des patients. Ce qui a été jugé aujourd’hui, c’est la pertinence du dispositif d’information ». Pourtant, parmi les plaignants, dont beaucoup avait été convaincus d’une victoire possible, la déception est amère. L’avocat Christophe Lèguevaques n’hésite pas à y voir une portée qui va au-delà de la simple considération du respect des obligations d’information. « On (…) dit aujourd’hui que c’est simplement un problème sociologique et non pas juridique. Ces termes ne sont pas acceptables pour les malades » remarque-t-il précisant encore qu’il va probablement recommander à ses clients, auxquels il a l’intention d’expliquer la décision en détail, d’interjeter appel. L’issue de cette procédure judiciaire préjuge-t-elle de celle du volet pénal ? Difficile à prédire, mais il est certain que sur ce terrain (une enquête pour tromperie aggravée, atteintes involontaires à l’intégrité physique et mise en danger d’autrui et pour homicides involontaires est en cours à Marseille), il existe également de nombreux éléments qui ne vont pas dans le sens du scandale médical affirmé par certains.

Aurélie Haroche

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Vos réactions (2)

  • En Suisse et en Belgique...

    Le 07 mars 2019

    Quelqu'un peut il nous expliquer pourquoi la même formule de Lévothyrox mise sur le marché en Suisse et en Belgique il y a des mois n'a posé aucun problème dans ces pays? Hystérie collective et réseaux sociaux sont loin d'être la panacée... sauf pour l'effet nocébo.

    Dr Lefoulon

  • Hystérie ou cupidité ?

    Le 07 mars 2019

    La judiciarisation de revendications victimaires est un marché florissant.
    Si rien n'est fait pour freiner cette expansion, le pire reste à venir.

    Dr Pierre Rimbaud

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