
Le traitement actuel de l’hypertension intracrânienne idiopathique (HTICI) repose sur des études non contrôlées. D’où l’intérêt de l’étude randomisée en double aveugle contrôlée contre placebo menée sur 165 patients non traités et présentant une perte de vision modérée. Son objectif est d’évaluer l’efficacité de l’acétazolamide associé, chez tous les patients, à un régime pauvre en sodium et à un programme d’hygiène de vie contre l’obésité. Les résultats préliminaires de cette étude lancée par le groupe américano-canadien NORDIC (Neuro-Ophthalmology Research DiseaseInvestigator Consortium) concernent les caractéristiques des participants (1).
Dans cette cohorte prospective, l’âge moyen est de 29 ans (18-52 ans) et 98 % des patients sont des femmes. Cette prédominance féminine, qui a déjà été retrouvée dans d’autres études, mais à un degré moindre (90 %), n’est pas due à un biais de recrutement, précisent les investigateurs. Le deuxième constat est que tous les patients sont en surpoids et, pour 88 % d’entre eux, obèses (IMC moyen de 39,9 kg/m2). Un antécédent familial de HTICI ayant été retrouvé dans 5 % des cas, les auteurs émettent l’hypothèse d’un gène lié à l’obésité qui augmenterait le risque d’HTICI. Cependant, ceci n’explique ni la fréquence peu élevée de l’HTICI dans la population générale (1/100 000/an), ni la prédominance féminine.
Par ailleurs, quatre symptômes dominent le tableau clinique de l’HTICI : les céphalées (84 %) sévères (6,3 en moyenne sur une échelle de 10), les épisodes d’obscurcissement de la vision transitoires et quotidiens (68 %), les lombalgies (53 %) et les acouphènes synchrones au pouls, bilatéraux dans deux-tiers des cas.
Seulement 32 % des patients ont rapporté une perte de vision. Enfin, les patients ont une qualité de vie altérée.
Malgré l’existence de recommandations générales sur la perte de poids et le traitement diurétique dans l’HTICI, 10 % des patients gardent une cécité unilatérale, déplore le signataire d’un éditorial associé(2). Il souligne également l’absence, à ce jour, de grandes études prospectives contrôlées contre placebo sur l’HTICI et indique que l’étude nord-américaine permettra certainement de répondre à la question sur le traitement précoce et le rôle de la perte de poids avec ou sans diurétique dans la prise en charge de cette pathologie.
Dr Catherine Faber