L’interféron alpha-2b pégylé dans le mélanome malin stade III

L’exérèse chirurgicale est le traitement de choix face à mélanome malin évolutif de stade III. Et, il y a une large place pour un traitement adjuvant, compte tenu du pronostic de cette tumeur. C’est le cas notamment de l’interféron alpha-2b pégylé (I-P) qui semble être un bon candidat, en sachant que le bénéfice thérapeutique pourrait dépendre à la fois de la durée du traitement et de la dose du médicament. Encore faut-il que l’efficacité de cette stratégie ne soit pas compromise par des effets indésirables, a fortiori quand un traitement de longue haleine est envisagé.
 
Une étude européenne multicentrique randomisée de phase III a inclus 1 256 patients atteints d’un mélanome de stade III, traité dans tous les cas par résection chirurgicale. Après celle-ci, deux groupes ont été constitués par tirage au sort. Dans le groupe traité (n=627), l’I-P a été administré en deux phases : 1) induction à la dose hebdomadaire de 6 μg/kg pendant 8 semaines consécutives ; 2) maintien à la dose hebdomadaire de 3 μg/kg pour une durée prévue de 5 années. Dans l’autre groupe (n=629), seule une surveillance traditionnelle a été instaurée.
 
La randomisation a été stratifiée en tenant compte des facteurs suivants : 1) atteinte ganglionnaire microscopique (N1) versus macroscopique (N2) ; 2) nombre de ganglions envahis ; 3) ulcération et épaisseur de la lésion cutanée ; 4) sexe. Le principal critère d’efficacité a été la durée de la survie sans récidive du mélanome. Les analyses ont été faites en intention de traiter.

Tous les patients ont été inclus dans l’analyse d’efficacité primaire. L’étude de l’acceptabilité a porté sur 608 malades du groupe traité, versus 613 dans l’autre groupe. La durée médiane du traitement par I-P a été de 12 mois (3,8 à 34 mois).
 
Au terme d’un suivi d’une durée médiane de 3,8 années (3,2-4,2), 328 récidives ont été dénombrées dans le groupe traité, vs 368 dans l’autre groupe, soit un risque relatif de 0,82 (p=0,01). Le taux de survie sans récidive dans le groupe I-P a été estimé à 45,6 % (vs 38,9 % dans l’autre groupe). La survie globale s’est avérée similaire dans les deux groupes.
 
Sur le plan de l’acceptabilité, des événements indésirables sérieux (grade 3) ont été observés chez 40 % des patients traités par I-P et 10 % des patients non traités. Pour ce qui est événements indésirables de grade 4, les pourcentages correspondants ont été respectivement de 5 et 2 %. Sous interféron, les événements indésirables de grade 3 ou 4 les plus fréquents ont été : une asthénie (16 %), une toxicité hépatique (11 %) et une dépression (6 %). Le traitement par I-P a été interrompu du fait d’effets indésirables préoccupants chez 31 % des patients.
 
Cette étude contrôlée démontre l’efficacité de l’interféron alpha-2b pégylé dans le mélanome malin de grade III en tant que traitement adjuvant. L’acceptabilité est globalement satisfaisante, malgré des événements indésirables qui peuvent amener à l’arrêt du médicament.

Dr Peter Stratford

Référence
Eggermont AM et coll. : Adjuvant therapy with pegylated interferon alfa-2b versus observation alone in resected stage III melanoma : final results of EORTC 18991, a randomised phase III trial. Lancet 2008 ; 372 : 145-154.

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