AHA – Chicago. L’essai MAGIC (Myoblast Autologous Grafting in Cardiomyopathy) est la première étude randomisée destinée à évaluer les effets de l’injection intramyocardique de cellules souches musculaires. Ses résultats présentés par son concepteur, Philippe Menasché de l’Hôpital Européen George Pompidou à Paris, sont considérés comme décevants pour certains, prometteurs pour d’autre.
L’objectif de cet essai européen conduit simultanément dans 24 centres était d’évaluer les effets hémodynamiques de l’injection intra-myocardique per-opératoire de myoblastes autologues chez des sujets victimes d’un infarctus du myocarde (IDM) ayant une dysfonction ventriculaire gauche sévère. 97 sujets répondant à ces critères (fraction d’éjection ventriculaire gauche [FEVG] entre 15 et 35 %) et devant bénéficier d’un pontage aorto-coronarien ont été randomisés en 3 groupes : dans le premier 800 millions de myoblastes ont été injectés en per-opératoire dans et autour de la zone infarcie, dans le second la dose était de 400 millions, tandis que pour le troisième qui servait de contrôle, seul le milieu de culture dépourvu de cellules était injecté.
En terme de sécurité, l’essai a été jugé positif puisque, contrairement à ce qui avait été constaté dans une étude pilote, les troubles du rythme ventriculaire n’ont pas été plus fréquents chez les sujets ayant reçu un traitement actif.
En terme d’efficacité les résultats sont nettement plus nuancés.
Sur les critères principaux de jugement de l’étude, évolution de la FEVG évaluée en échocardiographie et amélioration de la cinétique régionale dans la zone traitée, le traitement n’a pas entraîné d’amélioration. Si une augmentation de 5,2 % de la FEVG a bien été constatée dans le groupe ayant reçu des fortes doses de cellules, celle-ci n’a pas été significative par rapport au groupe contrôle (+ 3,8 % ; p=0,71). Ce résultat négatif a d’ailleurs conduit à l’arrêt de l’inclusion de nouveaux patients.
Cependant, il faut souligner que les volumes ventriculaires ont été significativement réduits par l’intervention : diminution de 23 ml du volume télédiastolique (VTD) contre une augmentation de 9 ml avec le placebo (p=0,006) et diminution de 18 ml du volume télésystolique contre – 3 ml dans le groupe contrôle (p=0,008). Enfin lorsque la FEVG a été mesurée par angiographie isotopique (chez 48 patients), une augmentation modeste mais significative a été constatée (+ 3 % ; p=0,04).
Il est bien sûr difficile de savoir si ces évolutions favorables des volumes ventriculaires auront des conséquences cliniques à long terme. Les nouvelles recherches sur cette voie thérapeutique devraient porter sur de plus grands effectifs, probablement utiliser le cathétérisme coronarien comme voie d’administration et non plus l’injection in situ.
Dr Céline Dupin