
Paris, le vendredi 5 juin 2020 - Les professionnels de santé
sont célébrés dans le monde entier pour leur abnégation et leur
dévouement au service des patients, en particulier en ces temps de
pandémie. Pourtant, depuis le début de la crise, de nombreux récits
d’attaques visant des soignants ont été relatés.
Chronique de la haine ordinaire
Dans les colonnes du Lancet, des médecins et des
infirmières* dénoncent cette haine ordinaire dont ils sont
l’objet.
Pour illustrer leur propos, ils racontent certains faits
survenus depuis les premières heures de la circulation de
SARS-CoV-2. Au Mexique, des soignants ont été victimes de jet
d’œufs et d’agressions physiques. Aux Philippines, une infirmière a
vu sa vision altérée par un jet d’eau de javel, en Inde, des
professionnels ont été caillassés ou expulsés de leur
logement.
« Il s’agit juste de quelques exemples de faits rapportés
dans de nombreux pays » y compris en Occident rappellent les
auteurs.
Évoquons le cas de la France où des bonnes âmes ont sommé des
infirmiers de quitter leur logement à travers des lettres
anonymes…
Cette recrudescence semble viser en particulier les
infirmiers, le CII (Conseil International des Infirmiers) dit ainsi
avoir reçu « de son réseau d’associations nationales
d’infirmières des informations très préoccupantes sur la hausse de
la violence visant spécifiquement les infirmières ».
Mais l’épidémie de Covid pourrait avoir agi comme révélateur
plus que comme un déclencheur. Ainsi, avant la crise, le phénomène
semblait déjà s’aggraver.
Attaquer les soignants : une nouvelle tactique de guerre
Ainsi, tout en haut du spectre des violences, l’attaque contre
les services de santé deviendrait une « tactique de guerre »
accusent les auteurs. Ainsi, alors qu’ils sont sanctuarisés par la
convention de Genève qui prévoit que « les ambulances et les
hôpitaux militaires seront reconnus neutres, et, comme tels,
protégés et respectés par les belligérants », les assauts
contre les établissements de santé se
multiplient.
Les signataires du texte mentionnent, par exemple, l’attaque
d’un hôpital de Kaboul en mai dernier qui a fait 24 morts ou
comment l’armée du Président El Assad a bombardé des centres de
soins de camps de réfugiés au nord-ouest de la Syrie.
Dans ce contexte, McKay et al. incitent les pouvoirs
publics à réagir enfin.
Ils proposent en premier lieu, de recueillir des données plus
détaillées sur ces faits de violence et leur possible
augmentation.
Ils attendent aussi des condamnations plus sévères des auteurs
de ces actes suggérant qu'une attaque contre un professionnel de
santé soit considérée comme une circonstance
aggravante.
Ils appellent enfin au déblocage de budgets dédiés à la
sécurité des soignants.
Écouter cet appel serait la moindre des choses que pourrait
faire le « monde d’après »…
F.H.