Médecins pour demain abat ses cartes et donne le ton pour 2023

Paris, le jeudi 22 décembre 2022 - Ce 21 décembre, le mouvement de moins en moins informel, Médecin pour Demain a exposé ses revendications en conférence de presse. De moins en moins informel, car il dispose désormais d’un site internet, de militants et serait soutenu par environ 15 000 médecins sur les réseaux sociaux. Il a également été à l’origine des mouvements de grève du 1er et du 2 décembre et appelle à une nouvelle mobilisation du 26 décembre au 2 janvier.

A cette conférence de presse des représentants des syndicats qui soutiennent le mouvement étaient également présents : UFML, FMF, SML et Jeunes Médecins.

Consultation à 50 €, suppression des forfaits, facturation des RDV non honorés…

Le « programme » de Médecins pour demain comporte 5 axes : revaloriser la profession, améliorer l’accès aux soins, développer les outils numériques, restreindre la délégation de soins et rouvrir le secteur 2.

Proposition phare : la revalorisation du tarif de base à 50 € d’ici 2025. Selon l’organisation ce tarif permettra « d’embaucher pour libérer du temps médical » et « créer un choc d’attractivité ».

Le collectif Médecins pour demain défend également la suppression des forfaits ROSP et structure. Seul le forfait médecin traitant trouve grâce aux yeux de Médecins pour demain. Autre proposition originale, les militants de Médecins pour demain suggèrent d’autoriser la facturation des RDV non honorés.

Pour l’accès aux soins, ils proposent, entre autres, de former les internes à la gestion d’un cabinet médical et de considérer comme assistanat (ouvrant au secteur 2), 2 années après l’internat en médecine générale en zone sous dotée.

Pour la délégation de tâches, ils demandent qu’elle soit systématiquement subordonnée à la supervision du médecin et préviennent « le diagnostic et la prescription sont des actes médicaux et ne sauraient se transférer ».

Quitter la France pour le Canada ?

Dans la même veine que ce collectif (et soutenu par lui), on notera la pétition lancée à l’initiative du Dr Abdellah Ramdane, généraliste installé à Caudry dans le Nord, qui a lancé une pétition intitulée « Amélioration ou expatriation. À vous de choisir M. le Ministre », un court texte qui brandit la menace d'un départ massif des médecins de l'Hexagone vers le Canada, à défaut d’amélioration des conditions de travail et de rémunération.

Signée par une centaine de médecins, la pétition réclame principalement une réduction de la charge administrative et une revalorisation du C « à la moyenne européenne » (hors forfaits).

« Les demandes du collectif sont exactement les mêmes que les nôtres », a martelé le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, en marge de la conférence de presse de Médecins pour demain. Elle souhaite que « le gouvernement comprenne dans quelle misère sont les médecins, nous sommes saignés ». Le président de l’UFML, le Dr Jérôme Marty promet quant à lui un mouvement « long et dur ». « Nous sommes partis pour un marathon car nous avons une prétention élevée : sauver la médecine libérale ».

A suivre avec attention en 2023.

Xavier Bataille

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Vos réactions (4)

  • Un monde à l'envers

    Le 22 décembre 2022

    Oui pas mal mais peu faire mieux
    Pourquoi pas 2024 a 50 euros ? Et 2026 a 70 euros ?
    Pourquoi ne pas exiger aussi une formation de nos jeunes un peu plus humaine et axée sur la pratique plutôt que des concours de plus en plus ahurissants avec double licence idiote qui sélectionne encore plus nos jeunes alors qu’on manque de médecins et qu’on veut ouvrir les portes aux étrangers ? Et que nos étudiants français vont payer les premières années aux roumains ou au espagnols ? Ou en Belgique et que nos internes sont accueillis à bras ouverts en Suisse ou au Canada ?
    C’est quand même bizarre d’être tellement décalé par rapport à la réalité…
    La chirurgie française est en train de mourir par manque de place dans les hôpitaux et cliniques, manque de personnels, manque de rémunération, manque d’action vraiment mutualiste des mutuelles qui serrent de plus en plus la ceinture aux remboursements alors qu’elles mêmes s’enrichissent de plus en plus… c’est un monde à l’envers !

    Dr Bruno Burcheri

  • Un groupe "panaché"

    Le 25 décembre 2022

    "Médecins pour demain" : tout un dossier... J'ai testé sur Facebook pendant 10 jours. Des gens de tous horizons on rejoint ce groupe de Médecins pour demain. En regardant les profils ou en chattant avec les adhérents on y trouve de tristes Zemmourins ou d'ahurissants riches amateurs de pêche au gros tropicale ou snobs de bonne familles... mais aussi de laborieux généralistes "classe moyennes" en réel burn-out qui n'en peuvent plus d'accumuler les heures, les paperasses dépourvues de sens à leurs yeux et de directives ARS hallucinantes... alors que les vrais problèmes médicaux sont passés sous silence. Comment gérer des malades graves sans collaboration organisée avec les hôpitaux en manque de lits ? Comment faire face a des loyers exorbitant alors qu'on les laisse stagner à 25 euros la consultation ? Ils échangent sérieusement sur ce point : est-il acceptable de se chronométrer a 10 min par malade si on veut payer ses URSSAF, sa caisse de retraite exorbitante, son loyer de cabinet et son diner... quand on gagne un euro après en avoir jeté 3000 par mois à la poubelle. Est-il humain et médical de mettre un malade dehors après 10 minutes et de n'avoir rien le temps d'expliquer ?
    Et quelle explosion de colère lorsqu'ils apprennent qu'au lieu de promouvoir des assistants administratifs, l'ARS et le gouvernements les poignardent avec des IPA, pseudo médecin ex infirmières qui vont ouvrir leur boutique avec droit de prescription, 32 euros la consult' de base et 58 euros la première consultation avec l'IPA... soit plus qu'un généraliste (25 euros) ou un spécialiste secteur 1 (30 euros la consultation).
    Je suis spécialiste secteur 1, je n'ai pas de quoi me payer une secrétaire. Et aujourd'hui 25 décembre je vais faire mon courrier d'hier (20 lettres, enveloppes et timbres a coller, porter a la boite aux lettres), puis agrafer toutes mes facturettes de l’année (rames de papiers, factures de téléphone et d'internet, cartouches laser, factures de sandwiches ou de secrétariat a distance, et pointer les relevés de banque....). Joyeux Noël pour une professionnelle dont les honoraires (définis par la secu) n'ont pas augmentés depuis 2001, c'est à dire depuis 21 ans. Je ne peux me passer d'un secrétariat téléphonique à distance car un tiers de mes patients ne sait ni lire ni écrire, ne croyez pas que "doctolib" règle tous les problèmes, loin de là.
    Je soutiens la grève et le mouvement "médecins pour demain" même si je trouve certains des adeptes très antipathiques. Je soutiens qu'on étrangle la médecine de ville autant que la médecine hospitalière. A 25 euros la consultation et dans de telles conditions de travail, quel jeune médecin veut s'installer en France ou y rester après 5 ans ? Les déserts médicaux sont crées par les autorités sanitaires, je le crois.
    La création des IPA pseudo médecins en zones désertiques et à des tarifs supérieurs au aumônes allouées aux docteurs, c'est "the cherry on the cake". C'est a vomir, c'est proposer des professionnels de santé peu qualifiés aux études écourtées, à une population âgée et usée, polypathologique et avec peu de moyens -argent et transport- (au vu de la démographie des régions concernées) c'est une tromperie pour le public... Et un crachat a la figure des médecins : pourquoi n'a t on pas donné de primes ou augmentation aux médecins qui réclament a juste titre une revalorisation pour payer une secrétaire qui classera les facturettes et aidera les patients qui ne savent pas lire les ordonnances ? Au lieu de répéter des instructions chronophages "vous avez bien compris ; celle pour la prise de sang : gommette rouge, celle pour la pharmacie, gommette verte. "
    Le gouvernement a tranché : pour les chômeurs et improductifs âgés des déserts industriels français, on met en place des IPA mieux payées qu'a l’hôpital... on évitera de payer leur licenciement lors des fermetures d’hôpitaux, et on fait un beau cadeau de Noël aux déserts médicaux. C 'est la réponse au casse tête de notre gouvernement peut être...
    Certains MG l'ont compris, ne veulent pas souffrir une telle vie et le dilemme de consultations chronométrées et du travail mal fait. Ils partent en Suisse, au Luxembourg, d'autres vont vers des pratiques peu généralistes : hypnose, diététique et botox... Deux généralistes doués et travailleurs âgés de 40 ans de ma banlieue sont partis faire des injection de botox dans le quartier de l'avenue Montaigne.
    Ce matraquage dure depuis 25 ans. Rien d’étonnant a cela. Un mort coute moins cher qu'un malade à la collectivité et aux mutuelles.
    Mais les agents de l'ARS et les ministères, les mauvais gestionnaires surpayés et qui ne voient jamais un malade a l’hôpital : a quoi servent-ils ? Ce sont des CRS qui matraquent les professionnels de santé pour rien. Nada, oualou. Y'a qu'a fermer les universités. Le mécontentement du public, qui n'est pas dupe, sera identique. "Médecins pour demain" c'est la grève de ceux qui veulent rester des médecins dans dix ou quinze ans... que vous les aimiez ou non, faites votre choix.

    Dr I Herry

  • Stupeur

    Le 25 décembre 2022

    "Médecins dans la misère saignés à blanc "
    Vous n'avez pas honte ? Moi j'ai honte de faire partie de la même profession que vous !
    Ou peut être n'est-ce pas la même d'ailleurs !

    Dr C Guyou-Estable

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