Mid-terms : le débat sur l’avortement va-t-il booster ou plomber les démocrates ?

Washington, le lundi 7 novembre 2022 – Les Américains ont rendez-vous aux urnes demain pour les traditionnelles élections de mi-mandat. Ces dernières qui vont conduire au renouvellement d’un tiers des sénateurs et de l’ensemble des représentants  sont traditionnellement une épreuve pour le parti au pouvoir : quasiment systématiquement, quel qu’il soit, ce dernier voit le nombre de ses sièges réduits. L’élection 2022 ne devrait pas faire exception et compte tenu de la majorité déjà fragile des Démocrates, le Congrès pourrait facilement basculer dans le camp adverse.

Des conséquences immédiates du revirement de la jurisprudence de la Cour de Suprême


Face à cette situation, le parti du Président Joe Biden a voulu croire cet été que les questions de société et notamment celle de l’avortement pourraient faire la différence. Après le revirement de jurisprudence de la Cour Suprême des Etats-Unis considérant que contrairement à ce qu’avait affirmé l’arrêt Roe vs Wade l’interruption volontaire de grossesse (IVG) ne devait pas être considérée comme un droit constitutionnel, les démocrates ont savouré le rejet d’une proposition de modification de la Constitution du Kansas qui projetait l’interdiction de l’avortement.

La mobilisation associée à ce référendum local a conforté les démocrates dans l’idée que le droit à l’avortement constituait une préoccupation majeure des électeurs. La détermination des proches de Joe Biden a également été renforcée par les répercussions déjà nombreuses des nouvelles législations et notamment de l’interdiction totale de l’IVG dans douze états.

Ainsi, une étude récemment publiée dans le JAMA montre que le nombre de demandes quotidiennes auprès du service de télémédecine Aid Access qui prescrit et envoie des pilules abortives depuis l’étranger dans 30 états américains est passé de 83 avant l’arrêt de la Cour suprême à 213 dans les jours qui ont suivi. Il est à noter de plus que, dans les 100 jours après la décision des juges, 66 cliniques du pays ont définitivement cessé de réaliser des avortements.

Mauvaise cible


Dans ce contexte, 320 millions de dollars ont été dépensés en frais de publicité par le parti Démocrate pour financer des clips et des messages sur ce thème, contre 31 millions pour l’inflation. « Arrêtons les Républicains qui criminalisent l’avortement partout. Protégez les droits des femmes et la liberté » peut-on lire à la fin d’un clip californien où l’on voit une femme se faire arrêter lors d’un tranquille diner familial parce qu’elle a choisi de mettre fin à une grossesse, tandis que dans le Wisconsin Mandela Barnes a demandé à sa mère de témoigner sur son avortement.

Cependant, les semaines s’écoulant, la préoccupation des Américains vis-à-vis de l’avortement s’est émoussée, remplacée en particulier par l’inflation, sujet que les démocrates n’ont finalement abordé frontalement que tardivement. Aujourd’hui, seuls 5 % des Américains affirment que l’avortement est une priorité influençant leur vote, selon une enquête publiée il y a quelques jours par le New York Times.

Outre l’importance prise par les questions économiques, l’efficacité de l’investissement des démocrates a également sans doute été en partie amoindrie par le flou ou le silence observés par la grande majorité des Républicains, à l’exception de quelques sorties remarquées, comme celle du chirurgien pro Trump, Mehmet Oz qui a estimé que l’IVG était l’affaire « de la femme, de son docteur, et des politiciens locaux ».

L’Amérique plus que jamais divisée


En tout état de cause, la promesse de Joe Biden en cas de victoire des démocrates de proposer une loi inscrivant l’IVG dans la constitution semble avoir peu de chance d’aboutir si l’on en croit les derniers sonsages. Cependant, certains états ont choisi de poser la question aux électeurs : en Californie, dans le Vermont et au Michigan ils devront se prononcer sur l’opportunité d’intégrer le droit à l’avortement dans la constitution de leur état. Si ces référendums obtiennent une réponse positive, la scission américaine ne sera que plus profonde.

Aurélie Haroche

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