
Amsterdam, le lundi 25 janvier 2021 – Des manifestations,
parfois violentes, ont été organisés dans plusieurs villes d’Europe
ce week-end pour protester contre le renforcement des restrictions
sanitaires.
Alors que les Européens vivent depuis maintenant dix mois au
rythme des confinements, couvre-feu et autres restrictions
sanitaires, un sentiment d’exaspération gagne certains. On se
souvient que l’Allemagne avait été le théâtre de manifestations
importantes à l’automne et que des émeutes avaient éclatés dans
plusieurs villes d’Espagne et d’Italie lors de la mise en place
d’un couvre-feu. Ce week-end, ce sont les Pays-Bas, Madrid et
Copenhague qui ont été le théâtre de manifestations
anti-confinement.
A Amsterdam, la police hollandaise a été contrainte d’utiliser
des canons à eau pour disperser les centaines de manifestants qui
s’étaient rassemblés sur le Museumplein, une place du centre-ville.
La manifestation anti-restriction, pacifique au départ, a
rapidement dégénéré, les participants s’en prenant aux forces de
l’ordre. Scènes similaires à Eindhoven, dans le sud du pays, où de
véritables émeutiers ont pillé des magasins et incendié des
véhicules, obligeant la police à utiliser des gaz lacrymogènes.
Dans la petite ville d’Urk au nord des Pays-Bas, les manifestants
ont incendié un centre de dépistage.
Émeutes urbaines aux Pays-Bas
Ces manifestations violentes ont éclaté à la suite à la
décision du gouvernement hollandais de mettre en place un
couvre-feu dès 21h depuis ce samedi et jusqu’au 9 février prochain.
Il s’agit du premier couvre-feu mis en place aux Pays-Bas depuis
l’occupation allemande. Le royaume avait en effet pour le moment
adopté une position plutôt libérale dans sa gestion de l’épidémie
(apparemment sans conséquences trop négatives puisque le pays
compte moins de morts par habitant que la plupart de ses voisins
européens [13 500 décès pour 18 millions d’habitants]). Une
décision qui passe d’autant moins que la situation sanitaire est
plutôt encourageante, le nombre de contaminations et de décès
quotidiens ayant été divisé par deux ces quatre dernières semaines.
Mais le Premier ministre Mark Rutte, qui joue sa réélection le 17
mars prochain, a justifié sa décision par la crainte suscitée par
les variants étrangers.
Une manifestation anti-confinement a également eu lieu ce
samedi soir à Copenhague. Si le rassemblement est globalement resté
pacifique, plusieurs militants ont été arrêtés après avoir brûlé un
mannequin à l’effigie du Premier ministre Mette Frederkisen. Depuis
un mois, le groupe « Men in Black Danemark » tente sur les
réseaux sociaux d’inciter la population à se soulever contre ce
qu’il qualifie de « dictature sanitaire ». Le confinement
mis en place depuis le 21 décembre a récemment été renouvelé
jusqu’au 7 février prochain.
Le gouvernement exclut le reconfinement en Espagne
Enfin à Madrid, ce sont plusieurs milliers de personnes qui
ont défilé dans le calme ce samedi pour protester contre les
restrictions sanitaires. Un rassemblement aux accents complotistes
puisque les manifestants, généralement non-masqués, expliquent que
le virus n’existe pas et que les hôpitaux sont en réalité vides.
Cette manifestation intervient alors que la situation sanitaire
s’est rapidement dégradée ces dernières semaines. Le pays compte
actuellement chaque jour 40 000 nouvelles contaminations et 400
décès (pour 47 millions d’habitants). Le gouvernement central se
refuse cependant à reconfiner, estimant que le confinement du
printemps dernier avait été une catastrophe économique et que les
mesures de restriction sanitaires actuelles sont suffisantes.
Nicolas Barbet