
Une base spécialement dédiée à la surveillance de l’épidémie
Le suivi des patients d’Ile de France est l’objet d’une veille soutenue grâce à la conjonction de nombreux outils, dont la base ERS-Covid constituée progressivement et qui au 7 avril avait enregistré les données de 16 510 patients Covid + (et 30 190 patients Covid -). Les données consolidées au 7 avril permettent de dresser un profil des patients hospitalisés et de leur parcours.Hypertension artérielle : une comorbidité présente chez un quart des patients
Selon des données transmises au JIM, depuis le début de l’épidémie 22 534 patients Covid + ont été hospitalisés en Ile-de-France dont 4 301 ont nécessité des soins de réanimation (22 % pour les patients pris en charge à l’Assistance publique / hôpitaux de Paris et 17 % dans les autres établissements). Les comorbidités retrouvés chez les patients sont l’hypertension artérielle (22,61 % des patients en réanimation), le diabète, l’insuffisance rénale chronique, un traitement par chimiothérapie et l’obésité. Concernant cette dernière comorbidité, elle est retrouvée chez 5,5 % des patients hospitalisés et 13 % de ceux en réanimation.Des complications différentes en fonction de l’âge
Les patients pris en charge en réanimation ont une moyenne d’âge entre 59 ans (AP-HP) et 62 ans (hors AP-HP) ; 78 % sont des hommes et entre 18 % (AP-HP) et 26 % (hors AP-HP) ne présentaient aucune comorbidité. Les complications les plus fréquemment retrouvées sont la pneumopathie (46 % des patients en réanimation), l’insuffisance respiratoire aiguë (45 %) et le syndrome de détresse respiratoire aigu (40 %). On relève encore que la classe d’âge des 60/75 ans est plus souvent concernée par des SDRA, des insuffisances rénales aiguës et des sur-infections pulmonaires bactériennes, tandis que les personnes entre 35 et 59 ans sont plus fréquemment victimes d’états de chocs.Moyenne d’âge des décès : 77 ans
La région a déploré 2 640 décès (chez des patients hospitalisés) depuis le début de l’épidémie (contre 1 674 le 7 avril dans le Grand Est pour une population de 5,5 millions d’habitants). La moyenne d’âge des patients décédés est de 77 ans (médiane de 80 ans). L’AP-HP ne déplore aucun décès de patient avant l’âge de 40 ans (et seulement 14 % de patients de moins de 40 ans en réanimation), mais 27 % de décès chez les plus de 80 ans. Par ailleurs, un zoom portant sur 986 décès (pour toute l’Ile-de-France) met en évidence onze décès chez des patients âgés de moins de 40 ans.Des antécédents de traitement à surveiller
Les premières analyses invitent à porter l’attention sur le fait qu’un « antécédent de prise de diurétiques, de corticothérapie (prednisone) ou des inhibiteurs calciques au long cours est significativement associé à une surmortalité des patients Covid+ (résultats ajustés sur l’âge et le sexe) ». Les experts franciliens relèvent encore que « Le tabagisme est statistiquement associé à une surmortalité mais pas à un passage en réanimation ». C’est enfin évidemment l’âge qui représente un facteur de risque majeur de surmortalité. Entre 60 et 74 ans, la mortalité atteint 8,2 % chez les femmes et 16,6 % chez les hommes (analyse portant sur 9447 patients hospitalisés) .Des bassins de population plus à risque
Ces données permettent par ailleurs de confirmer que les premiers jours de cette semaine ont été marqués par une diminution des admissions en réanimation. On relève encore que « l'âge des nouveaux cas augmente (54 ans le 11/03 vs 57 ans le 04/04), tandis que l'âge à l’admission en réa diminue (64 ans vs 57 ans) ». Fait plus inquiétant concernant les ressources disponibles et la surveillance de l’épidémie, le nombre de dépistage par RT-PCR est en forte diminution.D’une manière globale, ce tableau de bord permet de mesurer l’impact de l’épidémie sur l’occupation des services hospitaliers. Ainsi, il apparaît que 50 % des patients en réanimation sont sortis après 23 jours. Enfin, les patients de l’AP-HP résident plus fréquemment dans les 13ème, 18ème, 19ème et 20ème arrondissements, des quartiers marqués par une plus forte précarité, un état de santé dégradé, une surreprésentation de professions à risque (vigiles, caissières, aides-soignants…) et probablement des plus grandes difficultés à respecter le confinement.
Aurélie Haroche