La place des biothérapies dans la prise en charge des colites inflammatoires (MICI) va croissant. L’étude ENCORE (Efficacy of Natalizumab in Crohn's Disease Response and Remission) a ainsi évalué l’efficacité du natalizumab, un anticorps anti-α4-intégrine humanisé recombinant, produit dans une lignée cellulaire murine par génie génétique, en induction chez 509 patients atteints de maladie de Crohn (MC) modérée à sévère avec une composante inflammatoire manifestée par une élévation de la CRP.
Les patients ont été randomisés (1 :1) pour recevoir 300 mg
de natalizumab ou un placebo par voie intraveineuse à 0, 4 et 8
semaines (S0, S4 et S8). Le critère principal de jugement était
l’induction de la réponse manifestée par une diminution de plus de
70 points du score d’activité de la maladie de Crohn (CDAI) entre
S0 et S8 et se maintenant jusqu’à S12.
Les autres paramètres sur lesquels estimer l’efficacité étaient la
proportion de patients en rémission (CDAI < 150) prolongée et la
réponse ou la rémission en fonction du temps.
Une réponse à S8 et se maintenant jusqu’à S12 a été observée chez 48 % des patients du groupe natalizumab contre 32 % de ceux du groupe placebo (p < 0,001). Une rémission prolongée a été obtenue chez 26 % des patients du groupe natalizumab contre 16 % de ceux du groupe placebo (p = 0,002). Les taux de réponse à S4 étaient de 51 % avec le natalizumab et 37 % avec le placebo (p = 0,001).
Les taux de réponse ont toujours été significativement plus élevés lors des évaluations successives dans le groupe natalizumab par rapport au groupe placebo (p < 0,001). De même, les taux de rémissions étaient plus élevés dans le groupe natalizumab lors des évaluations à S4, S8 et S12 (p ≤ 0,009).
La fréquence des effets indésirables a été similaire dans les deux groupes.
Cette étude montre que le natalizumab est capable d’induire un taux de réponse et de rémission à S8 se maintenant jusqu’à S12, supérieur à ce qui est observé avec le placebo, suggérant l’intérêt de cette molécule comme thérapeutique d’induction chez les malades atteints de MC avec une CRP élevée. On peut toutefois s’interroger sur la magnitude de l’effet, comparativement au placebo mais aussi comparativement à ce qui a été décrit avec l’infliximab.
Pr Marc Bardou